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HUACACHINA ET LE SANDSKI

Arrivée à Ica :


Il est six heures du matin et le bus nous dépose au terminal de la ville d’Ica. Nos yeux sont lourds et on peine à se réveiller. On se dépêche de sortir du bus avant qu’il ne reparte et on récupère nos gros sacs à dos dans la soute. Nous sommes à Ica dans le but de rejoindre Huacachina à dix minutes de voiture de là. Il s’agit d’une petite oasis au milieu des dunes de sable et c’est ici qu’un ami d’école à Xavier, Laurent Berhnard, a ouvert une école de ski et de snow sur sable. On va donc le rejoindre pour quelques jours afin de compenser notre saison de ski qui risque d’être très compromise cette année.

On décide de faire un tour au centre-ville avant de rejoindre l’oasis et d’y trouver un petit-déjeuner. On passe la rangée de chauffeurs de taxi en refusant poliment leurs offres et on marche quelques cuadras jusqu’à la Plaza de Armas. A notre grand malheur, tout est fermé. Même la boulangerie la plus proche qu’un passant nous avait indiqué est fermée. Après avoir tourné pendant plus de trente minutes, nous finissons quand même par trouver une boulangerie-pâtisserie ouverte. On mange notre bout de pain avec du dulce de leche assis sur un banc devant la cathédrale. Nous l’avions lu et maintenant nous en avons la confirmation, Ica n’a pas de réel attrait touristique. Nous décidons donc de ne pas nous attarder en ville et retournons au terminal pour prendre un taxi en direction de l’oasis. Ni une ni deux, on repère deux autres backpackers américains avec qui partager les frais et l’on monte dans un taxi.



Huacachina et première glisse :


On sort de la ville et très vite un décor sablonneux nous fait face. La route effectue quelques virages entre les dunes et on aperçoit rapidement les palmiers et l’étendue d’eau de l’oasis. Le taxi nous pose et nous trouvons rapidement l’auberge que nous avait conseillé Laurent, le Wild Olive. Il s’agit d’un hostel tout neuf qui vient juste d’ouvrir ses portes. L’agencement est vraiment bien pensé, tout est grand, lumineux et la décoration est super. Bref, nous allons nous y sentir comme à la maison. On pose nos sacs et profitons de la fraicheur matinale pour aller explorer l’oasis. Ce n’est pas très grand, mais cela a du charme. Un plan d’eau, des maisons et des palmiers, le tout entouré de dunes de sable. Beaucoup de péruviens y viennent se reposer le week-end ou pendant les vacances ; d’autre fois, les tours organisés les déposent le temps d’une journée dans le sable. En effet, les buggys (gros véhicules 4x4 des sables) sont légions ici pour permettre une dose d’adrénaline et effectuer quelques « montagnes russes » dans le sable. Nous avons à peine le temps de retourner à l’hostel que nous croisons Laurent. Quel bien cela fait de retrouver un Suisse romand avec un vrai accent de chez nous (enfin, une dominance de valaisan avec une pointe de vaudois). On se donne rendez-vous dans l’après-midi pour une première session de ski !



Nous trouvons pour dîner un petit stand avec des menus du jour, un peu caché des touristes, et remplissons notre panse. On trouvera dans notre assiette un lomo-saltado avec de l’arroz chauffa (bœuf sauté avec des oignons et riz cuit avec du bouillon, des épices et des petites herbes). On profite du début d’après-midi pour faire la sieste, puis quand 15h arrive, on se prépare : short de bain, T-Shirt, casquette, lunette et crème solaire. Nous n’avons jamais été près aussi rapidement pour aller skier ! On retrouve Laurent à l’école où « International Sand School » domine sur la porte d’entrée. Nous visitons les locaux : des skis, des snowboards, des chaussures de ski et des boots décorent les murs. Il a ramené avec son associé tout ce matériel depuis la Suisse. Une petite zone de vente occupe une partie de l’espace avec deux marques de vêtement créées par leur soin. Une employée est présente sur place. Ici, on peut simplement louer du matériel ou prendre un après-midi de cours de ski ou de snow avec un tour en buggy.



Nous trouvons sans problème chaussures, skis et bâtons à notre taille et réglons les fixations. Laurent doit finir quelques dossiers de sponsoring et nous propose de nous rejoindre plus tard. Il nous indique le meilleur endroit pour commencer et trouver nos marques, une petite descente au pied de la grande dune nord. Nous mettons les skis sur l’épaule et partons à l’assaut du sable. Il fait chaud et le soleil tape, malgré la fin de journée. Il faut dire qu’avec les chaussures de ski aux pieds, on patauge drôlement et la montée n’est pas de tout repos. Chaque pas s’enfonce et l’équilibre est difficile, sans compter les skis sur l’épaule. Il nous faudra quinze minutes pour traverser la dune et grimper la petite pente pour arriver au sommet.

Avant la descente, il s’agit de « waxer » nos skis, c’est-à-dire, frotter ceux-ci avec une bougie afin d’appliquer une couche de cire sur la semelle. C’est important car cela aide les grains de sable à rouler sous le ski. On est prêt. Je pars le premier. La première impression est spéciale et pourtant bien semblable au ski sur neige. J’effectue trois virages timides et je m’arrête pour voir Delphine descendre ; elle me suit timidement. On a l’impression de « coller » un peu plus. La seconde partie de descente se passera mieux ; il faut se lancer pour prendre de la vitesse et ensuite profiter. On est malheureusement très vite en bas et on en redemande. Alors on remet les skis sur les épaules et on remonte la pente. Cette fois-ci, il ne nous faudra que cinq minutes pour remonter et recommencer.

Une fois la vitesse prise, les sensations sont vraiment bonnes. On se surprend vite à carver pour effectuer de belles courbes comme sur une piste de neige ! On enchaine quelques descentes sous l’œil attentif de deux jeunes péruviens ayant quant à eux loué une sorte de snowboard fait en bois. En effet, il est facile de louer des « snowboards » qui ne sont en fait, que des planches en bois munies de deux sangles pour y glisser les pieds. En revanche, l’école de Laurent est le seul endroit à proposer du matériel de type professionnel.


Laurent nous rejoint et nous propose de monter au sommet de la grande dune pour y voir le coucher du soleil et y boire une bière. On remet les skis sur le dos et on repart. La montée est rude, mais la vue sur l’oasis en vaut la peine. Et puis on est entrainé maintenant ; ce n’est pas une montée de plus qui va nous faire peur ! On savoure la bière en refaisant le monde et en parlant de nos voyages respectifs.



Le soleil se couche et nous attaquons notre dernière descente qui sera la plus longue de la journée. On « waxe » nos skis et on se lance. Rapidement on prend de la vitesse et on profite ! L’adrénaline est là et on se retrouve tout sourire en bas de la dune. Laurent nous propose directement de venir avec lui skier le lendemain. Lui et une équipe de riders ont prévu de tourner un film dans les dunes et ont loué un buggy pour l’occasion. On se quitte en se donnant rendez-vous le lendemain après-midi. Etant pratiquement les seuls clients de l’auberge, nous profiterons de faire la soirée calme.


Ski, film et découverte des dunes :


Le lendemain matin, nous profitons d’un bon petit-déjeuner sur la terrasse avec la vue sur l’oasis. Il est 8 heures et tout est encore paisible. Nous décidons de faire un tour plus approfondi de l’endroit dans le calme du matin. L’oasis se réveille gentiment et se prépare à recevoir son lot de touristes journaliers. Quelques rabatteurs tentent de nous vendre un tour en buggy, mais nous devons leur avouer que nous avons trouvé mieux que leur offre. Les stands d’artisanats locaux ouvrent leurs portes et nous profitons pour y jeter un coup d’œil et d’y acheter quelques petits souvenirs. On se sent bien et surtout privilégié d’avoir un contact sur place qui nous permet de profiter de l’endroit sans frais ! On dîne au même endroit que la veille car il doit être le moins cher de l’oasis !



Je suis prêt à remettre les lattes aux pieds. Delphine préfère jouer la photographe. En effet, toute une équipe sera présente pour filmer et quelques photos sont les bienvenues pour la promotion de l’école et les différents projets de l’association. Il est 13 heures et on retrouve Laurent à l’école. Nous serons au final dix à participer à cette journée : Laurent, sa copine Rosana, trois jeunes péruviens ayant appris le ski grâce à l’école, un ami de Lima venu pour piloter le drône et filmer, sa copine venue pour filmer également, Ditto un rider péruvien, Delphine et moi. Le chauffeur du buggy passe nous chercher et nous embarquons avec tout le matériel. On contourne l’oasis et nous voilà arrivés dans le sable. Le chauffeur met les gaz et c’est parti pour une sorte de montagne russe des sables.

Cela monte, descend, secoue à gauche, puis à droite avant de te retourner le ventre. Mais aujourd’hui le but n’est pas là. Nous arrivons au sommet d’une première grande dune. On débarque et on admire le paysage. Des dunes à perte de vue et du sable fin d’une belle couleur jaune orangée. Le soleil tape et il fait chaud.



Delphine prend des photos et les premiers riders vont s’élancer. Pour ma part, je pensais juste descendre tranquillement après tout le monde pour profiter de la remontée « automatique » du buggy. Mais voilà que Laurent me demande de descendre avec eux. J’accepte, honoré de pouvoir faire partie de la vidéo. Je descendrais donc avec les trois jeunes snowboarders. Ceux-ci n’ont jamais ridé sur la neige, mais je me rends vite compte qu’ils ont un excellent niveau ! Laurent et Ditto nous suivent rapidement. Une fois en bas, je profite pour échanger quelques mots en anglais avec lui. Il m’apprend qu’il est natif d’ici et qu’il a appris le snowboard sur le sable. Il a ensuite eu l’occasion de pratiquer ce sport sur la neige et représentera le Pérou dans la discipline du boarder-cross aux prochains Jeux Olympiques ! Qui aurait pensé que nous allions rencontrer un athlète péruvien, ici sur le sable. Le buggy nous rejoint déjà pour nous emmener à la prochaine dune. Nous recommencerons trois fois l’exercice, à différents endroits.




Finalement le véhicule nous quitte et nous laisse au pied d’une grande dune, au milieu de ce désert de sable. Il reviendra nous chercher à la tombée de la nuit. Il s’agit donc cette fois de monter à pied. La dune est encore plus grande que toutes les autres et se nomme « Cathédrale ». Nous mettrons presque vingt minutes pour arriver à son sommet. La vue est encore une fois superbe et les lumières du soir donnent des ombres et des couleurs magiques. Nous ferons encore deux descentes (trois pour les autres) avant que le soleil ne tombe, que le drône n’aie plus de batteries, et que nos jambes ne crient grâce. Les images sont dans la boîte, ou dans l’appareil photo, et Laurent semble content. J’ai même la chance d’avoir pu « goûter » le sable lors de ma dernière descente en ayant freiner un peu trop brusquement en arrivant en bas. La nuit et le froid arrivent bien vite, mais heureusement, le buggy vient nous chercher et nous retournons à l’oasis. Nous passons encore la soirée avec l’équipe, le but étant d’aller manger ensemble et de filmer le souper et le restaurant qui nous y accueille. Un chouette moment de rencontre et de partage. On peine tout de même à comprendre le sens de chaque phrase lorsque qu’ils parlent entre eux. Notre espagnol a bien progressé mais la rapidité et notre pauvre vocabulaire reste un défi. Quelques bières plus tard notre lit nous accueille à bras grands ouverts.



Repos, ski et petits thés :


Une bonne nuit de repos et un bon petit-déjeuner dans le ventre, nous sommes prêts pour une nouvelle journée dans le sable. Le soleil perce gentiment la brume matinale. Xavier décide de retourner skier durant la matinée avec Laurent et l’équipe de tournage. Ils ont prévu de faire quelques descentes près de la grande dune nord qui borde l’oasis. Delphine en profite pour se reposer, faire un peu de lessive et trier les photos de la veille pour pouvoir les donner rapidement à Laurent. Quelques descentes ou quelques thés plus tard, nous nous retrouvons pour manger. Cette fois, nous décidons de tester la pizzeria du restaurant de l’hostel. L’après-midi sera calme. Petite balade le long de l’oasis, sieste et écriture du blog. On essaie tant bien que mal de se tenir à jour dans l’écriture et le tri des photos tout en profitant des endroits où nous nous trouvons ! A 17 heures, nous nous rendons sur la dune située au sud de l’oasis pour profiter du coucher du soleil. Nous ne gagnerons pas la course et le soleil sera parti avant que nous ne soyons au sommet. Tant pis, on s’installe au milieu de la pente pour profiter de l’instant présent, des couleurs et de la beauté de l’endroit.



On retrouve Laurent en fin de soirée pour boire encore un verre et le remercier pour le chouette séjour. Nos sacs sont prêts et nous repartirons le lendemain. On profite pour lui acheter quelques habits de leurs marques afin de les soutenir. Puisque Laurent rentre en Suisse à la mi-novembre pour démarrer la saison d’hiver, nous saisissons cette occasion pour lui laisser quelques affaires et souvenirs.

En discutant, on se lance encore l’idée de visiter une bodega à Ica avant de repartir. Il s’agit des caves de la région qui sont réputées pour produire le vin local et surtout le fameux alcool de pisco. Ne sachant pas encore comment nous composerons notre journée du lendemain, nous allons nous coucher, claqués.


Visites des Bodegas et départ pour Lima :


Je passe dans la matinée voir Laurent et lui demander conseil quant à la visite d’une bodega. C’est Ditto qui connait bien la région et qui me dirige vers l’un de ses amis du coin, qui se trouve être chauffeur et guide pour ce genre de visite. Il négocie le prix pour nous et cinq minutes plus tard, nous voilà en voiture pour visiter deux bodegas différentes et typiques de la région.

La Bodega El Catador se trouve à vingt minutes de voiture de là. Le chauffeur nous accompagne à l’entrée et un jeune d’une vingtaine d’année se présente à nous pour nous faire une visite gratuite du domaine, ponctuée par une dégustation. On ne se fait pas prier et nous lui emboitons le pas. La visite est très intéressante et le guide nous explique les différentes phases de la production.

Les vignes se situent un peu plus loin dans les terres et le raisin et acheminé ici. C’est durant le mois de févier que les vendanges ont lieu. Le raisin est alors écrasé à l’aide des pieds dans une grande pataugeoire. Le jus est ensuite mis dans des cuves pour la fermentation. Nous visitons un énorme « cimetière » de vieilles jarres en argile. A l’époque, le jus était stocké dans ces énormes récipients. Il nous explique que pour la fabrication du pisco, c’est le moux de raisin qui est utilisé. La fermentation est stoppée après quelques semaines seulement et le jus faiblement alcoolisé est alors distillé dans un énorme alambique afin d’obtenir le pisco. Nous terminons la visite par une petite dégustation de vin (principalement doux et très sucré), puis de pisco et finissons avec des crèmes de ce même alcool. Nous remercions le guide et décidons d’aller voir les petites boutiques qui bordent le domaine. Nous ne faisons pas trois pas qu’un vendeur nous propose une nouvelle dégustation. Nous repérons différentes crèmes aux saveurs de fruits locaux et exotiques (fruit de la passion, mangue, …) et acceptons la proposition de goûter à ces nouvelles saveurs. Mais voilà que celui-ci nous prépare une dégustation complète avec les vins, les piscos et les crèmes ! Nous n’osons pas refuser et comme recracher le vin n’existe pas ici, nous sentons l’alcool couler dans nos veines. On s’arme de courage et repartons tout de même avec une petite bouteille sous le bras.




Le chauffeur nous attend à la voiture pour nous emmener à la seconde Bodega, nommée Lazo.

Il s’agit en réalité plutôt d’un bar-club-musée installé dans une ancienne bodega. L’extérieur nous accueille avec quelques tables dans une chouette ambiance rétro-vintage. Notre chauffeur sera notre guide pour cet endroit. Il nous explique qu’ici les soirées sont animées et que la salsa se danse. Le Pisco Sour (cocktail typiquement péruvien à base de pisco, de citron et de blanc d’œuf) doit y couler à flot. Nous entrons dans une ancienne cave sombre et poussiéreuse. Une forte odeur d’alcool nous remplit directement les narines. Des lignées de vieilles jarres sont rangées de parts et d’autres. Suspendu au mur et aux poutres du plafond, des vieilles reliques décorent l’endroit. Un peu glauque et pourtant si authentique. Il y en a pour tous les goûts : posters d’anciennes réclames, carapaces de tortues, tableaux poussiéreux, chauve-souris empaillées, vieux téléphones, artisanat péruvien, poteries ébréchées, reliques de l’époque inca, bougeoirs rouillés, … et on en passe !

Le guide-chauffeur nous arrête devant une première rangée de jarre. Il débouche l’une d’elle et prend un bâton de bambou troué et le plonge dans la jarre. Il nous sert alors un petit verre de moux à chacun. Nous recommençons donc la série de dégustation pour une troisième fois. Delphine essaie tant bien que mal d’abdiquer mais à chaque fois, le guide lui sourit en lui promettant que le prochain verre sera plus petit. On arrive gentiment mais sûrement à la fin de la tournée de la cave. On visite encore le reste de l’ancienne bodega avec son alambique et ses presses géantes. Petit tour par le shop avant de rentrer en direction de Huacachina.





Nous nous dirigeons vers le stand des menus du jour pas chers pour nous remplir l’estomac. Il est déjà 14 heures et on reprend nos sacs laissés à l’hostel. On trouve ensuite un taxi pour nous ramener au terminal situé à Ica. Il y a des départs toutes les quinze minutes pour Lima, il ne nous faudra donc pas longtemps avant d’être confortablement installés pour les cinq prochaines heures.



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