CUSCO
Après avoir quitté Charline et Maxime lors de notre changement de bus, nous arrivons à Cusco en début de soirée après 2 films diffusés en espagnol sur les télés du bus. A nouveau, nous n’avons pas besoin de chercher longtemps un logement, une dame nous tend une carte avec l’adresse d’un petit hôtel pas cher. Il fera l’affaire pour la nuit. Nous nous y dirigeons à pied (nous avons décliné son offre de taxi gratuit sans savoir vraiment pourquoi!), négocions un prix (malgré le tarif déjà bas) et l’obtenons. Comme quoi, il y a des avantages à voyager en basse saison ! Nous sortons ensuite souper dans le quartier de San Blas à quelques kilomètres de là. Nous avons entendu parler d’un très bon restaurant végétarien (le Green Point), nous nous laissons tenter et ne serons absolument pas déçus. Le serveur est Français ; il nous donne au passage quelques conseils et astuces pour visiter la région. Une fois l’estomac bien plein (les portions sont vraiment énormes), nous retournons à l’hôtel pour une nuit bien méritée.
Cusco fut la capitale du peuple inca. C’est pourquoi de nombreux vestiges sont encore présents à Cusco ainsi que dans les vallées avoisinantes. Cette ville est tout de même située à 3400m d’altitude, mais heureusement pour nous, venant de la Bolivie, nous sommes déjà acclimatés ! La ville se trouve être aujourd’hui le point de départ pour se rendre au Machu Picchu, ce qui la rend si célèbre et la rempli de touristes ! Nous n’en aurons jamais vu autant.
Le lendemain donc, nous nous allons de bonne heure sur la place principale et la plus connue de Cusco: La Place d’Armes. Elle est belle, grande, bien entretenue. On se dirige vers l’office du tourisme pour glaner quelques informations et nous commençons nos recherches d’agences dans le but de faire le trek du Salkantay, qui nous mènera au Machu Picchu. En effet, il s’agit de l’alternative au fameux trek de l’inca dont les places sont aujourd’hui limitées, à un prix indécent et qui se réserve plus de 6 mois à l’avance… Nous trouvons plusieurs agences très peu convaincantes (comprendre : nous en savons plus que le type de l’agence après avoir lu quelques informations sur internet), puis tombons sur un type plutôt calé sur le sujet et qui nous paraît bien. On rentre à l’hôtel vérifier sur internet s’il y a de bons commentaires à son propos, mais sommes rapidement déçus par ce que nous lisons. Nous trouvons toutefois quelques noms de tours opérateurs recommandés. On se décide à aller les voir, mais on déchante très rapidement… les prix sont exorbitants, absolument pas envisageables pour nous. Plus de 500CHF par personne pour 5 jours. On continue notre quête sans désespérer tout en visitant un peu la ville. On se promène dans les rues du centre pour se familiariser avec le coin. On entre dans quelques boutiques souvenirs à la recherche d’un nouveau bracelet pour Delphine, un bracelet par pays. Et nous voilà dans un nouveau bureau de tour pour avoir des informations. La journée passe vite, tout prend du temps: écouter leur blabla que l’on connaît par coeur, retourner à l’hôtel vérifier sur internet, ressortir en voir d’autres, manger des tacos au passage, etc… Le soleil se couche sans que nous ayons trouvé chaussure à notre pied.
Aujourd’hui, nous décidons de changer d’hébergement. En effet, nous avons passé nos deux premières nuits dans un petit hôtel bon marché et correct, mais nous n’allons certainement pas rencontrer d’autres backpackers avec qui partager de bons tuyaux pour les visites… On prend nos gros sacs et on se dirige un peu plus haut dans la ville à l’auberge de jeunesse Sumayaq. Accueil chaleureux qui fait plaisir, on devine déjà qu’on s’y sentira bien. On abandonne nos affaires dans le dortoir et les valeurs dans un casier, puis nous repartons en ville.
Nous nous rendons dans le quartier historique de San Blas sur les hauteurs de la ville. C’est un endroit plein de charme avec ses petites rues pavées étroites et ses maisons blanches assez anciennes. C’est le quartier un peu huppé et cher de la ville même si on peut y trouver des petits restaurants à bons prix. On se laisse prendre par l’atmosphère, on déambule en mangeant un bout de gâteau à la mangue et on atterrit devant l’église San Blas et son petit parc. On achète un « boleto religioso » qui donne accès à plusieurs églises dont la cathédrale. On entre et on prend un audio-guide, ça nous permettra de comprendre un peu ce que l’on voit. Il faut quand même qu’on vous avoue qu’un mois s’est écoulé entre cette visite et l’écriture de cet article… alors les détails de l’audio-guide, on ne s’en souvient pas vraiment pour vous les raconter. Mais c’était une chouette visite qui nous permet de comprendre un peu plus comment l’église a été construite en mêlant la culture espagnole et celle des habitants du Pérou (ex-incas). Cela se ressent beaucoup dans les objets d’art et dans les peintures qui sont dites « d’inspiration cusquénienne ». Trente petites minutes plus tard, nous ressortons et allons nous promener sur la place d’à côté où un marché s’est installé. On zigzague entre les petites tables en regardant ce que les commerçants vendent. Malheureusement, ce n’est toujours pas de l’artisanat comme on le connaît chez nous. Tous les articles se ressemblent et sont similaires à ceux que nous avons déjà vus en Bolivie. Nous nous lassons de voir toujours exactement les mêmes objets avec juste le nom du lieu qui change ! Nous décidons donc de redescendre pour visiter la cathédrale située sur la Place d’Armes.
Avant de redescendre, on choisit de faire un détour et de se perdre encore un peu dans ce joli quartier. Nous arrivons finalement à un mirador nous offrant un très beau point de vue sur la ville et ses alentours. On repère la Place d’Armes et les quelques lieux importants que l’on connaît déjà. Le temps passe et cette fois nous prenons le chemin de la cathédrale.
Nous passons l’énorme porte, prenons un audio-guide et nous laissons emmener dans la découverte de cet important sanctuaire catholique. La visite durera environ une heure. On tourne la tête à gauche, puis à droite. On avance, on recule parce qu’on a loupé un numéro, on avance, on s’assied en contemplant le choeur de l’église. Les explications nous embarquent à nouveau dans la culture cusquéniennes et nous permettent de mieux comprendre cet édifice. On admire les détails des sculptures en bois et des peintures. Ici, les fleurs de lys sont remplacées par des fleurs de pommes de terre péruviennes, le Christ mangeant la Sainte Scène avec ses disciples se voit manger du cochon d’inde avec du maïs, et des motifs de vagues rappellent la Pacha Mama bien connue du monde Inca. Finalement, la visite s’achève et nous déposons l’Ipad qui nous servait de guide.
Nous ne perdons pas notre objectif de vue et nous voilà à nouveau à la recherche d’un tour opérateur pour notre trek du Salkantay. Après avoir écumé une bonne partie du centre, nous rentrons à l’auberge pour demander l’avis de Google. A nouveau déçus par ce que l’on peut y lire, nous nous résignons à demander à l’accueil de notre auberge s’ils connaissent un tour opérateur fiable. Mais voilà, l’auberge fait office d’agence et ne va certainement pas nous donner cette information aussi facilement, voire pas du tout! La gérante nous montre donc une carte et nous explique à nouveau le parcours du trek que nous avons déjà entendu mille fois au moins. Pourtant, nous gardons notre lucidité et repérons le nom du tour opérateur inscrit en haut à gauche de la carte. Xavier s’empresse de faire une photo et nous cherchons quelques informations sur internet. La chance semble nous sourire. Nous ne lisons que des bons commentaires sur tous les comparateurs trouvés. Ça y est, on y est, on va pouvoir réserver. On se rend à l’agence KB Adventures Tour Operator dans une petite ruelle perpendiculaire à la Place d’Armes. Heureusement que l’on savait ce que l’on cherchait, car il aurait été difficile de tomber dessus par harsard. Il faut s’engouffrer dans une cour intérieure où, tout au fond, une simple et discrète pancarte présente l’office. Contents de l’avoir trouvé, on entre et on y trouve un guide de montagne tout disposé à nous renseigner. On lui dit que l’on souhaite faire le Salkantay et partir lundi matin (soit dans deux jours). On écoute alors encore une fois (et on espère la dernière) le parcours de notre futur trek et toutes les informations qui vont avec. On passe plus de quinze minutes à l’écouter et à poser nos questions. Le type nous fait une super impression, on sent qu’on a trouvé la bonne agence. Ne souhaitant pas nous précipiter, on leur dit que l’on va réfléchir et revenir un peu plus tard. Il ne nous a pas fallu plus de cinq minutes pour être unanimes. On partira avec eux.
Mais voilà, on ne sait pas trop ce qui nous est passé par la tête à ce moment-là, nous sommes partis visiter et nous avons complètement oublié de revenir réserver pendant les heures d’ouverture.
Dimanche est déjà là, le temps file à toute vitesse. Nous sortons de l’auberge en direction du Mercado San Pedro, un grand marché couvert bien réputé à Cusco. On s’engouffre dans cette fourmilière humaine et on se laisse envelopper par les odeurs. Il y a de tout dans ce marché: les vendeurs de jus de fruits frais, de souvenirs, de viande, de légumes, de fruits, de pain, de fruits secs, d’épices, de féculents,… On passe une grosse heure à tourner dans les allées. Finalement, on en sort et on tombe sur un second marché en contrebas, plus authentique. Sans doute le marché pour les indigènes. La plupart sont installés à même le sol, les prix sont moins chers, ça grouille de gens qui nous bousculent pour faire leurs achats. On a un peu l’impression d’être dans leurs pattes. On se met alors sur le côté comme on peut et on les regarde vivre. On remonte la rue, on achète deux oranges pour Xavier, une banane pour moi. On découvre le vrai Cusco : pauvre, décrépi, sale, pas en si bon état que ce que le centre laisse croire. Ça nous rassure un peu à quelque part. Etre catapulté de la Bolivie à Cusco procure un petit choc de cultures. On s’était pris à croire que le Pérou n’était pas pauvre ! Mais bon, les apparences sont bien trompeuses, ça c’est sûr !
Sur le chemin du retour, on trouve une coiffeuse toute disponible pour recevoir Delphine. Elle lui fait des tresses plaquées; ce sera ainsi plus pratique pour le trek (que l’on n’a toujours pas réservé!). En 15 minutes, l’affaire est réglée, on paie 5 soles (environ 1.5CHF) et on ressort en direction du centre.
Pendant notre absence, le centre s’est animé. On découvre de la musique et des défilés un peu comme à Sucre en Bolivie. Des gens en habits traditionnels dansent autour de la Place d’Armes. On s’installe sur le trottoir pour profiter du spectacle.
Après bien vingt minutes à regarder tant les enfants, les ados que les adultes à danser devant nos yeux, nous continuons en direction de notre agence pour réserver le trek. Mais bon, c’est dimanche et dimanche, c’est fermé… même à Cusco ! On espère secrètement que ce soit fermé à cause de la pause de midi. Nous allons donc attendre 14h.00 en mangeant une petite glace au chocolat milka (de la tuerie!). Mais à 14h.00, quand les autres commerces réouvrent, la porte de notre agence reste close. Nous devons nous résoudre à attendre lundi pour réserver et mardi pour partir.
Ce petit contretemps ne nous refroidit pas pour autant et nous nous dirigeons vers le musée du Machu Picchu. Ce musée, dédié au site inca, retrace son histoire, de sa découverte à aujourd’hui. Il nous paraît intéressant de le visiter avant de nous rendre au fameux site archéologique. On passe plus d’une heure à arpenter les différentes salles, à lire les panneaux d’informations et à observer les objets retrouvés lors des fouilles. L’excitation monte, pourtant il va bien falloir que nous patientons encore 5 jours avant de fouler le sol du site.
On avait prévu de visiter également le musée de l’Inca, assez réputé dans le coin. Cependant, comme on est toujours dimanche, il est fermé, lui aussi. On profite du beau temps pour se promener dans les rues et descendre l’Avenida del Sol jusque tout en bas où se déroule une grande feria. Le cortège n’étant pas terminé, nous avons la chance de voir plusieurs groupes d’hommes danser, sauter, taper des pieds. Il y a une telle joie qui émane de cette population. Même les spectateurs sont resplendissants. Ça nous met le coeur en fête. Nous nous mêlons à la foule, déambulons mais il nous faut continuer notre chemin jusqu’à la feria au bas de la rue. C’est immense, couvert, rangé et structuré. Mais nous n’y passons pas longtemps car nous découvrons la même chose que partout ailleurs. On décide alors de remonter à notre auberge par une petite rue parallèle à l’Avenida del Sol. En chemin, on s’arrête boire un thé dans un petit café agréable et chaleureux.
Cette fois, c’est lundi et l’erreur n’est plus permise. On se dirige directement vers notre tour opérateur pour réserver le trek. On ne tombe pas sur le guide de la dernière fois car il démarrait le trek aujourd’hui avec tout un flot de touristes marcheurs ou amateurs. On discute donc avec la secrétaire. On négocie sec le prix du trek et obtenons finalement une réduction de 40 dollars au total. Satisfaits, nous poursuivons la visite de la ville en commençant le musée de l’inca qui était fermé la veille. Ce musée immense vaut la peine que l’on s’y attarde. Malheureusement, nous n’avons pas de guide et ce que nous voyons ne nous procure pas l’émerveillement escompté. Nous restons quand même scotchés par le nombre d’objets datant de l’époque. Il y en a une quantité faramineuse. On voyage à travers le temps pendant 2 heures. Après un bon repas que nos estomacs réclamaient, nous nous rendons au couvent Santo Domingo. Nous sommes passés plusieurs fois devant en se disant à chaque fois que nous y viendrions plus tard. Cette fois le moment est venu !
Les guides qui attendent devant l’édifice proposent une visite guidée pour pas cher. Une fois nos billets en main, on emboite le pas d’une guide très sympathique. Ce couvent a été directement construit sur des anciens vestiges incas. En fait, directement sur le Temple du Soleil ou Coricancha qui représentait le lieu le plus sacré de l’empire des Incas et dont d’importants vestiges ont été récemment remis en valeur. Elle nous raconte toute l’histoire de ce bâtiment, les pierres, chaque trou et leur emplacement parfait. Pour nous aider à imaginer ce qu’était le Coricancha à l’époque, elle nous montre des images et des dessins dans un livre. Elle nous parle d’astronomie, domaine plus qu’important pour les Incas et dans lequel ils excellaient. En effet, les fenêtres sont positionnées de manière à ce que le soleil entre dans le temple au solstice d’été et d’hiver. Les rues de l’ancien Cusco sont également construites de cette façon. La guide est passionnée et dynamique. On apprécie. A la fin de la visite guidée, nous profitons de refaire un tour dans ce lieu chargé d’histoire.
On rentre à l’auberge en fin de journée pour préparer nos affaires en vue du trek du Salkantay qui démarre demain. Nous sommes rodés : 5 kg par personne seront portés par les chevaux, il faut de la crème solaire, un petit sac, à boire, des vêtements chauds et des snacks. Bref on sait exactement ce que l’on doit prendre ou non. On passe encore au mercado San Pedro pour acheter quelques victuailles et on est prêt. On demande à l’accueil de l’auberge s’ils peuvent garder le reste de nos affaires jusqu’à à ce que l’on revienne dans 6 jours, visiblement il n’y pas de problème. On leur donne tout ça, on règle le réveil sur 3:30 et on va se coucher de bonne heure pour être en forme le lendemain!
L’aventure démarre ; dans exactement 5 jours, on va voir le Machu Picchu. On est impatient, comme des enfants de cinq ans qui attendent le Père Noël le 24 décembre au soir. Bonne nuit les amis.