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TREK DU SALKANTAY ET MACHU PICCHU

Premier jour :


Il est 3:30 du matin, on se réveille tant bien que mal, on sort nos sacs de la chambre sans faire de bruit, on se prépare et voilà qu’à 4:00 le guide est déjà là pour venir nous chercher. Il fait encore nuit dehors, tout est calme, les chauffeurs de taxis dorment dans leur voiture en attendant une nouvelle journée de travail, les quelques chiens errants jouent à se courir après et des clochards rêvent d’une vie meilleure dans les bras de Morphée. On retrouve un Chinois sur la place un peu plus bas et on attend deux Américains, Ferrel et Taylor, qui ne se sont pas réveillés à l’heure. Nous descendons ensuite vers la Place d’Armes pour rejoindre le bus qui nous emmènera à Mollepata, lieu de départ de notre trek situé à quelques heures de route de là. Une flopée de touristes faisant aussi le trek nous attend sur la Place, on doit être une trentaine. On monte à bord, le bus démarre, les lumières s’éteignent et on essaie tant bien que mal de finir notre nuit.


Nous passons toute une série de lacets au milieu de la forêt et arrivons enfin à Mollepata, un petit village où quelques habitants nous attendent pour le petit-déjeuner. C’est aussi ici que nous laisserons 5 kilos d’affaires personnelles par personne dans un gros sac afin que les mules puissent les acheminer aux différents campements.


Tous ceux qui ont choisi de prendre le petit-déjeuner là s’installent aux tables préparées à cet effet. Xavier et moi, ainsi que deux Israéliennes, nous installons à une table vide à l’écart de tous pour manger notre propre petit-déjeuner. Un bon moyen de faire quelques petites économies car ce premier repas n’est pas inclus dans le prix du trek. Une fois l’estomac rempli et prêt à affronter une journée de marche, nous donnons nos affaires pour les mules et attendons les consignes des guides. Nous nous retrouvons tous dehors et formons deux groupes de 15 personnes environ. Nos deux guides sont Nil et Raul, notre groupe s’appelle « Team Awesome ».


Durant le trajet, le climat a changé. Ici, l’ambiance est plus tropicale ; on découvre une végétation différente, l’humidité, les insectes, etc… ! Notre marche démarre dans la forêt tout en montée. Il fait vite chaud avec l’humidité qui règne. Il faudra s’y habituer car on va monter pendant deux heures environ et marcher 13km au total. Chacun prend son rythme, pas à pas. Les plus fous se précipitent devant, comme pour être sûrs qu’ils sont bien en forme et sportifs. Nous, on reste un peu à l’arrière pour prendre un rythme plus tranquille. La pluie fait son apparition après un petit quart d’heure déjà. Tout le monde sort les protections de pluie des sacs, sauf Dany et Shaun qui n’en ont pas. La guitare de Dany sera très vite trempe et leur sac de couchage aussi! On continue notre chemin et faisons une petite pause à l’abri en attendant que tout le groupe soit à nouveau réuni. On croque un biscuit, on souffle et il est déjà temps de repartir car il nous reste encore pas mal de route. Un peu plus tôt, Nil nous annonçait qu’il fallait compter environ 4:30 de marche jusqu’au campement. Une fois au bout de la montée, le chemin devient plus ou moins plat, ce qui nous permet d’aller à un rythme plus soutenu.


On discute avec Ferrel de nos voyages respectifs, puis arrivons deux bonnes heures plus tard sur le site du campement à Soraypampa. La pluie n’a pas cessé de tomber pendant toute la marche, mais ce n’était rien par rapport au déluge dont nous sommes témoin depuis la grande tente du dîner. On est vraiment content d’être arrivé quelques minutes avant!

Les cuisiniers nous servent du thé bien chaud avant de nous amener le dîner. Nous sommes gâtés. Ils se sont vraiment donné de la peine. Une fois le repas terminé, les plus motivés peuvent encore se rendre à une lagune à une heure et demie de marche plus haut. C’est presque au complet que l’on se met en route sous un ciel radieux et une lumière magnifique. La pluie qui est maintenant loin derrière nous a laissé un super décor.



On met un pied devant l’autre, on souffle, on s’encourage les uns les autres soit en espagnol soit en anglais. Dans notre groupe, personne ne parle français. Certains ont plus de peine que d’autres, mais nous finirons tous par arriver à la lagune. Le paysage est sublime. Devant nous s’étend une immense lagune toute bleue, la Humantay Cocha, dominée par la montagne Tukarway. Un léger reflet se dessine puis s’efface quand les plus courageux de l’autre groupe de marcheurs se jettent à l’eau. On profite de monter un peu plus haut tant que le guide ne nous demande pas de redescendre au campement où nous avons rendez-vous à 16:30 pour le thé. Raul nous fait finalement signe de revenir vers lui, nous sommes les derniers, nous nous dépêchons un peu et finissons par rattraper les autres. On arrive à l’heure pour le thé qui est le bienvenu ! Les cuisiniers nous servent même des biscottes de toutes sortes. Une bonne entrée en matière avant le souper!



On passe deux bonnes heures à discuter et à faire connaissance, puis le souper est servi. Le groupe est principalement composé de jeunes voyageurs entre 25 et 35 ans. Nous sympathisons rapidement avec deux Américains Ferrel et Taylor ainsi que Dany et Shaun de Grande-Bretagne avec lesquels nous passerons une partie du trek. Le guide principal, Nil vient nous briefer pour le lendemain : réveil à 4:50, départ pour notre seconde journée à 6 :15. Il nous explique que ce deuxième jour est le plus dur et le plus long. Nous aurons 4 heures de montée (5h selon Raul, le second guide) puis 6 heures de descente jusqu’au prochain campement. Ce n’est que de la musique d’avenir pour nous. Pour le moment, on attend seulement un bon matelas et une bonne nuit de sommeil.


La nuit est tombée, on allume nos frontales et allons nous préparer pour nous mettre au lit. Mais voilà, le spectacle est trop beau : un ciel étoilé à souhait, la lune qui éclaire la montagne… Je sors mon trépied et rejoins Taylor qui est en train de faire des photos du ciel. Après quelques clichés, le froid aura toutefois raison de moi et je retourne auprès de Xavier dans notre tente. Durant ce temps, il a tant bien que mal gonflé nos matelas. En effet, l’agence en fournissaient, mais nous avions décidé de prendre les nôtres pour être sûrs de passer de bonnes nuits reposantes. Ce soir-là, la pompe pour les gonfler à casser. Tant pis, on gonflera les matelas aux poumons pour le trek et on réparera cela à l’occasion. On se glisse au chaud et pour une bonne nuit de sommeil.



Deuxième jour :

Le réveil sonne, les cuisiniers viennent toquer aux tentes pour nous donner un petit verre de mate de coca. Réveil en douceur. Mais il ne faut pas traîner pour autant. Ils nous attendent sous la tente commune d’ici 15 minutes pour le petit-déjeuner.

Des pancakes vont nous mettre d’attaque pour la journée. On se régale, puis allons nous brosser les dents, pomper de l’eau (les bouteilles d’eau vendues sur la route valent une fortune) et attendre le départ. Le ciel est dégagé même si les nuages ne vont pas tarder à monter, on le sait bien.


On se met en route à 6:15 les uns derrière les autres. Certains jouent déjà aux malins et partent comme des furies. Pourtant, on sait que 5 heures de montée nous attendent et que cela ne va pas être facile. Certaines personnes du groupe ont « loué » une mule pour monter jusqu’au col à 4629 m d’altitude, soit 720 m de dénivelée. Tout le monde n’a pas les capacités ou le mental, tout dépend. Nous avons l’avantage de notre acclimatation bolivienne et l’altitude ne nous fait plus tant peur. Il fait chaud, on se sent déjà transpirer plus que de raison. Les premiers se retrouvent finalement derrière et nous passons en tête avec les deux Américains. On profite de discuter avec eux tant que le terrain n’est pas trop raide, mais nous nous retrouvons rapidement à ne discuter qu’avec notre voix intérieure. On laisse passer les muletiers avec leurs mules, il y en a une flopée. Ils se rendent là où nous dînerons plus tard. On aimerait bien être aussi agile et rapide que les mules. On s’imagine en haut, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. On croise une Française d’un autre groupe en pleurs au bord du chemin, elle n’en peut plus, l’altitude est difficile à supporter pour elle. On l’encourage comme on peut et on lui donne rendez-vous au col. On parcourt les quelques derniers lacets de pierre qui nous séparent de notre prochain stop et arrivons finalement à 4629 m soulagés que cette montée soit terminée. Le plus dur est fait ! Environ 30 minutes plus tard, le groupe est au complet. Nil nous raconte alors un peu l’histoire de la montagne du Salkantay, qui culmine à 6271 m.




Le Nevado Salkantay a été gravi pour la première fois qu’en 1952, mais ce n’est qu’en 2013 que le premier alpiniste Péruvien, accompagné de deux Américains, atteignit son sommet. Plusieurs alpinistes y ont perdu la vie durant leur tentative d’ascension ; leurs corps demeurent aujourd’hui encore dans la montagne. Elle domine, cette montagne. Elle impressionne. Elle s’impose. On l’admire. On l’aime, avec ses décors intacts, libres, sauvages et paisibles. Le paysage est magnifique.

Nil nous explique le rituel de passage au col: faire une tour de caillou en y mettant des feuilles de coca à l’intérieur afin de remercier la Pacha Mama pour la nature qui nous entoure.


Après une heure de pause, il est temps de se remettre en route. Il va falloir s’armer de courage car 6 heures de descente comme on les aime (ou pas) nous attendent jusqu’au second campement, Chaullay à 2820 m (mas o menos).


Un terrain raide et recouvert de gros cailloux nous amène dans un premier temps au dîner. Mais avant de rassasier nos estomacs, il va nous falloir être super attentifs où nous mettons nos pieds pendant les deux prochaines heures. Le paysage reste superbe et nous assistons à un changement progressif de décor. Les sommets enneigés, les roches et les pierres, nous quittent pour laisser place à une dense végétation verte et un chemin de terre.



13:30, nous arrivons enfin au campement installé pour le dîner et attendons que tout le monde soit là pour passer à table. Les cuisiniers sont ravis de cuisiner pour nous, ça se voit et ça se sent ! Les plats sont délicieux et copieux… aucun risque que l’on ait encore faim à la fin du repas. Le concept de manger des légumes ne semble pas faire partie de leur culture, alors à la place ils nous servent deux voire trois féculents par plat ! On s’y habitue. Nous avons toujours droit à une bonne soupe en entrée et à un plat principal en self service. Le repas se termine toujours par un petit dessert tout simple et le fameux mate de coca. Nil nous laisse encore trente minutes de pause « siesto-digestive ». On se prélasse au soleil, on recharge les batteries. La route est encore longue.


Le tronçon de chemin suivant est un peu moins difficile que le précédent, nos pieds avancent sans qu’on ait besoin de leur dire de faire attention. La descente est longue et peu intéressante. Nil nous avertit de l’attaque imminent des moustiques. Juste le temps de s’asperger de produit et ils sont déjà là… c’était moins une ! En fait, ce ne sont pas vraiment des moustiques comme on a l’habitude d’en voir en Europe, mais plutôt des moucherons… pourtant, ça pique comme des moustiques et ça démange… comme des boutons de moustiques. Une horreur ! Vous l’aurez certainement compris, on approche petit à petit de la jungle et qui dit jungle dit humidité et chaleur. Tout ce qu’on aime quoi.


Xavier jette un coup d’oeil sur le GPS pour savoir si nous sommes encore loin du but. Avec cette descente interminable, nos orteils souffrent, et nos jambes sont fatiguées (notre moral aussi, faut le dire). Une très bonne surprise s’affiche, nous ne sommes plus qu’à 200 m. Bien qu’on ait de la peine à voir où ils peuvent bien mettre un campement au milieu de cette forêt, on accélère le pas. L’idée d’un coca et d’un twix nous fait saliver et libère le peu d’énergie qu’il nous reste.


Les premiers arrivés sur les lieux nous font signe, on les rejoint et découvrons un grand jardin, parfait! Quel bien ça fait de se savoir à destination. Nous avons finalement mis 4h30 depuis le col, performance dont nous sommes fiers. On enlève nos chaussures de marche ainsi que nos chaussettes afin de libérer pour un bout de temps nos petits orteils endoloris. On achète un coca et un twix, exactement comme dans notre imagination quelques dizaines de minutes plus tôt, et on s’installe sur la terrasse pour se reposer et savourer. Le coca n’a rarement été autant apprécié. C’est fou comme il suffit de si peu de chose pour se sentir bien.



Pour le goûter, les cuisiniers nous apportent du popcorn. Quelle joie ! Tout le monde se rue sur les plateaux ; inutile de dire qu’ils ne restent pas pleins longtemps ! Bon, ça tombe bien car le souper ne tarde pas à arriver. On se régale une fois de plus, puis Nil nous présente les trois cuisiniers et le muletier. Ils nous racontent brièvement d’où ils viennent et depuis combien de temps ils font ce travail. Le muletier repart demain à Mollepata. Il va devoir faire tout le chemin en sens inverse. Quant aux cuisiniers, ils continueront en voiture jusqu’à Santa Teresa où ils achemineront nos affaires. Nous nous présentons à notre tour et les remercions pour leur travail si efficace et apprécié.


Nous terminons la soirée sur la terrasse, une bière à la main, en écoutant Dany jouer de la guitare et chanter. On en prend plein les oreilles. Ce type est doué, y a aucun doute. Une voix au timbre bien particulier, des mains qui glissent si aisément sur sa guitare, une émotion dans sa façon de chanter. Ses reprises d’Oasis n’ont rien à envier aux originales. On reste tous à l’écouter (y compris les gens du coin) en espérant que ça ne s’arrête pas.


Mais voilà… la fatigue de cette longue journée prend le dessus, sans parler du réveil qui, demain matin, sonnera tôt. Alors à 21 :30, nous allons nous coucher avant presque tous les autres. Le sommeil ne se fait pas attendre, on dort comme des souches.

Troisième jour :


Il est déjà 5:00 et, comme la veille, les cuisiniers toquent aux tentes pour nous servir du mate de coca. On se réveille, on s’habille, on range nos sacs de couchage, on prépare nos sacs et on descend pour le petit-déjeuner. Les autres membres du groupe ont une petite mine, ils n’ont pas dû beaucoup dormir cette nuit.


On se met déjà en route. Aujourd’hui, ce n’est que de la descente dans la jungle qui nous attend. Nous sommes entourés d’arbres, de moustiques, d’humidité et de chaleur. Le soleil ne tape pas encore, l’air est agréable, mais ce n’est que de courte durée. Nous démarrons par deux bonnes heures de marche sur la route. Ayant besoin d’être un peu seule, loin de la cohue du groupe, je pars devant sur les traces de Dany qui mène la troupe d’un bon pas. Xavier suit non loin derrière tout en perfectionnant son anglais avec Taylor. Raul finit par nous rattraper afin qu’on ne loupe pas la descente vers la rivière. Nous attendons tout le monde et descendons un petit chemin face à la pente avant de traverser un pont un peu branlant et rejoindre la rive opposée. On remonte par un chemin très raide, puis faisons une pause dans un vaste jardin occupé par quelques maisons. On profite de manger des grenadas (variété de fruits de la passion, en plus sucré) en compagnie de quelques chiens qui espèrent désespérément voir une quelconque nourriture tomber par terre.



Après vingt minutes de pause bien agréable, nous activons nos petites jambes et repartons. Nous empruntons un sentier de forêt (ou plutôt de jungle) un peu au-dessus de la rivière (en fait, carrément plus haut que la rivière). Tout y est vraiment très beau et différent de nos forêts européennes, mais la chaleur est insupportable. Une couche de crasse recouvre nos visages et on pue. On marche ainsi pendant quelques heures. Nil s’arrête de temps en temps pour nous montrer des fleurs, des oiseaux, des fruits. Il nous explique brièvement leur signification et leur utilité. Finalement (et plus tôt que prévu), le chemin de forêt débouche sur une route qui mène jusqu’au lieu du dîner. Des minibus nous attendent pour faire le dernier bout. Ils sont vraiment les bienvenus. Quel délice de savoir qu’on a fini de marcher pour la journée !


Les vans nous emmènent jusqu’à la lodge où nous prendrons le repas. Une odeur intense de café nous entour. Rien de surprenant quand on sait qu’ici, ils torréfient eux-mêmes leur café. Des hamacs nous tendent les bras et Xavier va se faire bercer par l’un d’eux. Puis nous nous installons à table. Les cuisiniers ont fait fort : avec patience et minutie, ils ont sculpté les légumes… un vrai travail d’artiste, un bonheur pour les yeux. On se régale encore une fois. Pour la nourriture, il faut dire que nous sommes gâtés, qualité et quantité ont été au rendez-vous tout au long du trek.



On remonte dans les vans avec un nuage de moustiques à la volée. On va en direction de Santa Teresa, un village où se trouvent des sources d’eau chaude. Ils les appellent les Hot Springs. C’est réputé dans le coin et les agences y déposent leurs touristes s’ils en ont envie. Une fois à Santa Teresa, on dépose nos sacs, on prend nos affaires de bain et nous voilà à nouveau en voiture pour descendre jusqu’aux Hot Springs. Il n’y a encore personne, nous sommes seuls avec un million de moustiques qui n’attendent que de nous manger les jambes. On va vite se changer et on se laisse glisser dans l’eau chaude. Nos muscles n’en sont que ravis. Il y a quatre bassins à des températures différentes. Nous sommes entourés par une paroi rocheuse, puis la jungle plus loin. Un décor un peu paradisiaque s’il n’y avait pas autant de moustiques. Mais bon, ces Hot Springs n’ont rien à envier aux bains d’Yverdon-les-Bains! Petit à petit, les gens affluent et les bains se remplissent. On reste dans l’eau pendant 3 heures, puis il est déjà l’heure de retourner à Santa Teresa pour le goûter.



On arrive à temps pour le fameux mate et les popcorns. On passe du bon temps, puis la nuit commence à tomber et le souper arrive. On se remplit l’estomac puis Nil vient nous faire le topo pour la journée du lendemain. Nous avons le choix entre marcher 6:00 depuis Santa Teresa jusqu’à Aguas Calientes en passant par Hydroelectrica, faire la tyrolienne d’un kilomètre, aller en voiture jusqu’à Hydroelectrica puis marcher 3 heures jusqu’à Aguas Calientes ou prendre le bus de Santa Teresa jusqu’à Hydroelectrica puis marcher trois heures jusqu’à Aguas Calientes. Dans tous les cas, nous devrons marcher trois heures depuis Hydroelectrica jusqu’à Aguas Calientes qui n’est autre que le village au pied du Machu Picchu. Certains choisissent le bus, d’autres la tyroliennes et les Américains, courageux, feront toute la route à pieds. Pour notre part, nous avions réservé la tyrolienne depuis l’agence à Cusco.


Ce soir est une soirée un peu spéciale. On se croirait en camp d’été en 6ème année primaire. On est jeudi et comme tous les jeudis soir en camp, c’est la boum! Ils ne l’appellent pas comme ça ici, mais bon… ça y ressemblait quand même grandement ! Au lieu d’aller se mélanger aux trekkers transpirant et puant en train de danser, on reste avec Dany et Shaun à discuter et à venter les bienfaits de la Suisse. On a parfaitement joué notre rôle de représentants ! Puis, Dany reprend sa guitare et commence à nous jouer quelques titres. A 23:00, il est temps de retrouver notre tente, on est KO.


Quatrième jour:


Aujourd’hui, il pleut des cordes. Il a plu toute la nuit et tout est trempé dehors. On est vraiment content que ce soit une journée un peu plus tranquille et qu’on ait pas mille heures de marche. On déjeune et on attend que la voiture vienne nous chercher pour nous emmener nous préparer pour la tyrolienne. J’ai la boule au ventre et Xavier se réjouit. On attend à l’agence d’autres courageux avant d’enfiler nos harnais et notre casque. La voiture nous embarque et nous amène au point de départ. Et là, c’est le drame. Je me sens incapable d’affronter cette tyrolienne. Mon vertige prend le dessus et, mélangé au stress, je me mets à pleurer. Je ne peux pas me jeter dans le vide alors que je ne vois même pas le point d’arrivée. Le type me propose de s’accrocher à moi et qu’on s’élance à deux. J’accepte sa proposition, de toute façon je ne peux pas faire demi-tour car la voiture n’est plus là. Tout mon corps tremble, je ferme les yeux et 10 secondes plus tard je me trouve en dessus de la rivière et de la jungle à admirer une vue sous un angle absolument différent. Le temps est suspendu.

Xavier m’emboîte le pas et on se retrouve sur la rive opposée. La tyrolienne fait plus d’un kilomètre de long répartie sur 5 tronçons. N’étant pas sûre de moi, le type s’accroche à moi pour les 3 autres descentes. Xavier continue seul et dans différentes positions. Une fois la tête à l’envers, une fois à plat ventre style superman…! Je prends de plus en plus confiance et je ferai la cinquième traversée seule. Je pensais mon calvaire terminé mais voilà que pour rejoindre la base de l’agence, il nous faut traverser un pont suspendu. Si vous avez vu Indiana Jones ou bien les dessins animés sur Cartoon Network, ou n’importe quel film se déroulant dans la jungle, vous saurez de quoi je parle! Le pont est composé de planches en bois mouillées, le pont est carrément branlant et je suis l’avant-dernière à me lancer dans la traversée. Tout le groupe est devant et avec nos rythmes différents, le pont bouge de droite à gauche. La tension dans mes bras pour me tenir aux cables n’aura jamais été aussi intense. Je suis crispée et concentrée sur mes pieds, une planche après l’autre. Le pont semble s’étirer à l’infini. Le pire est certainement une fois arrivée au milieu, tout est instable. Même Xavier, derrière moi, n’en mène pas large. Il était plus à l’aise suspendu dans les airs. Mais pas à pas, nous rejoignons la rive opposée, puis la base de l’agence. Emotions et soulagement. Super expérience.



La voiture nous ramène à Hydroelectrica où nous rejoignons notre groupe pour le dîner. Il pleut à nouveau et attendons que ça passe.


Il faut se remettre en route pour arriver à Aguas Calientes en milieu d’après-midi. Nous allons longer les fameux rails du train pendant trois heures. Il fait terriblement humide et chaud mais au moins, la pluie s’est arrêtée. On se sent comme dans un film. Sur les rails au milieu de la jungle. On en avait rêvé de ce moment-là! L’excitation monte. Demain, nous serons 1000m plus haut au Machu Picchu. Pour arriver à Aguas Calientes, soit on prend le train depuis Ollantaytambo soit on vient à pieds depuis Hydroelectrica. Les gens comme nous viennent à pieds car le train coûte vraiment très cher ! Et il faut dire que c’est une très bonne marche d’approche qui permet de se mettre dans l’ambiance. Nous sommes en réalité en train de faire le tour du Machu Picchu par le fond de la vallée. Avec la brume et la végétation, il y a quelque chose de magique. On lève la tête, mais il est impossible de deviner le Machu Picchu, malgré les ruines si proches. On croise beaucoup de gens qui marche en sens inverse pour aller reprendre le bus à Hydroelectrica afin de retourner sur Cusco. Nous nous mettons de côté pour laisser passer un train rempli de visiteurs. On avance tranquillement, mais la marche n’est pas autant aisée à cause des cailloux. Et puis la chaleur rend tout ça plus difficile aussi. On retrouve Raul un peu plus loin qui nous dit que Augas Calientes est un peu plus loin, mais il ne nous dit pas que pour y arriver, il faut monter !

On s’arme de courage et nous y voilà, 25 minutes plus tard. On y est, le pueblo Machu Picchu! Les guides nous conduisent à notre hôtel, car cette nuit pas de camping. Une vraie chambre (double pour nous en plus!) avec une vraie douche, de l’eau chaude, du savon, un vrai lit.


On joue à papier-caillou-ciseau pour savoir qui aura la douche en premier. Finalement, par galanterie, c’est moi qui commence. Je revis. Quel bonheur. Une fois propres, nous sortons et allons visiter le village. On profite de faire quelques courses pour demain. Nil nous prévient que tout est super cher sur le site du Machu Picchu et qu’il est mieux d’acheter à manger ici. On trouve ce qui fera notre dîner et puis on poursuit la visite. On cherche un bon petit restaurant pour le lendemain soir (car on fait une nuit de plus à Aguas Calientes après la visite du site inca), on en trouve un sympathique, elle nous donne la carte pour pas qu’on l’oublie. On poursuit le long de la rivière puis on remonte. On tombe sur des petites ruelles étroites pleines de charme qui nous mènent directement au terrain de foot où se joue un match entre jeunes. On est sorti des rues touristiques et on prend part à la vie locale, comme on aime. On finit par retourner à l’hôtel où Nil nous a donné rendez-vous à 18:00 pour aller souper.

Le hasard faisant bien les choses, nous allons souper exactement dans le petit restaurant que nous avions repéré un peu plus tôt. Ca c’est fait!

On est tous excités comme des puces et ça se sent. Tout le monde est bruyant, euphorique, fatigué. On mange bien mais pas aussi bien qu’avec nos cuisiniers de la semaine. Nil nous donne les consignes pour le lendemain une fois que le repas est terminé. Il nous donne à chacun nos billets d’entrée pour le site et nos billets de retour en train inclus dans le prix du trek. On vérifie que tout est plus ou moins correct (Delphine a un nouveau nom de famille : Joggi et Xavier a 30 ans…) puis nous retournons à l’hôtel pour une bonne nuit de sommeil. Nous aurons marché pas moins de 60km sur trois jours et demain, le réveil sonnera à 3:30 pour une journée éprouvante au possible.



Cinquième jour:


Le réveil sonne et nous sautons du lit. Aujourd’hui, c’est le grand jour. On se sent comme si on était le jour d’une compétition et qu’il fallait donner le meilleur de nous. On se prépare rapidement, on prend nos lampes frontales et un sac pour deux pour la journée. On sort de l’hôtel puis du village et nous voilà en train de descendre la route que nous montions péniblement hier, éclairée par nos lampes. On se dépêche car on veut être les premiers au pont. Pour ceux qui ne savent pas trop comment ça se passe ici, il y a deux manières de se rendre au Machu Picchu. Soit on monte en bus où un seul trajet coûte 12 dollars. Les premiers bus partent à 5:30 de Aguas Calientes et tous les touristes arrivent donc en même temps. L’autre manière de s’y rendre, c’est à pied! Il faut se rendre à un pont à 20 minutes d’Aguas Calientes. Il ouvre à 5:00 du matin et il faut une heure, pour les plus lents, pour rejoindre la porte d’entrée du Machu Picchu qui ouvre à 6:00. Puisque beaucoup décident de monter à pied, la queue se forme rapidement et il est conseillé d’être au pont à 4:00 du matin si on veut être dans les premiers à partir. C’est donc ce que l’on a fait, Xavier et moi. Nous sommes effectivement les premiers sur place accueillis par quelques chiens. On prend nos aises, on déjeune et on attend car il n’y a pas grand chose d’autre à faire. On est vite rejoint par une flopée d’autres courageux. On se prépare mentalement : c’est plus de 1700 marches qui nous attendent sur 500m de dénivelée environ, des grosses marches d’incas qui vont challenger nos mollets. On est prêt, on attend plus que le vigile ouvre le pont et contrôle notre billet et notre passeport. Notre objectif est d’arriver avant les bus touristiques, histoire qu’on soit les premiers à fouler le site.


Il est 5:00 pile et le pont s’ouvre, on se lève, on est devant avec les Américains. Le vigile nous laisse passer et nous voilà entrain de nous précipiter vers les escaliers, accompagnés par les chiens qui aboient à nos côtés. Il fait encore nuit mais l’aurore nous laisse entrevoir le chemin. On se fait dépasser par Ferrel et Taylor. Ce sont des machines, on n’a encore jamais vu des jeunes aussi sportifs et rapides. Tant pis, on n’essaie même pas de les rattraper. On est frais, au début, c’est presque facile. Puis les marches deviennent de plus en plus hautes et il est difficile de maintenir le rythme. Pourtant, s’il y’a bien un moment du voyage pendant lequel il ne faut rien lâcher, c’est celui-là. Alors on maintient le rythme, on a les poumons en feu, on a chaud et le souffle court. Les chiens nous montrent la voie, ils font trois marches puis nous attendent, repartent pour trois marches, s’arrêtent à nouveau. Ils sont nos coachs et nous aident à monter plus vite. On n’a jamais eu autant de mental que durant cette montée. On ne sait pas quand on va arriver en haut, on ne voit rien à part des arbres. On croise plusieurs fois la route, la fameuse que les bus utilisent. On compte les virages, pas les marches car il y en a trop. On se dépêche. On ne doit plus être loin, et pourtant ça monte encore sec. On se fait dépasser par 3 Français en tenue de trail, des sportifs c’est sûr. On ne se compare pas à eux mais se faire dépasser nous a redonné un coup de fouet. On ne veut plus voir quelqu’un nous passer devant. Il fait jour maintenant, le soleil n’est pas encore dehors mais on voit très bien où on va. On est trempe, rouge et à bout de souffle. Xavier me dit qu’on y est presque mais je ne le crois pas. En général il me dit ça tous les quart d’heures. Alors je continue d’avancer à mon rythme. Mais effectivement j’aperçois les dernières marches, des vraies marches en goudron et là je me dis que c’est la délivrance. On est en haut, devant les énormes portes d’entrée du Machu Picchu. Il n’y a que nous: Ferrel, Taylor, les 3 Français, un espagnol qu’on n’a même pas vu partir tout devant, et nous. Il nous aura fallu 35 minutes pour arriver en haut, on est 7 et 8 ème, je suis la première fille, les Américains nous ont mis 5 minutes dans les pattes, les chiens font la danse de la joie et les bus ne sont pas encore là. On est au paradis. Il n’y a plus qu’à attendre que les portes ouvrent maintenant.



Petit à petit les gens arrivent. Les premiers bus aussi et nous sommes bientôt une centaine à attendre que Sésame ouvre les portes. Il est 6:00 et les vigiles contrôlent encore nos passeports et notre billet d’entrée. Nous voilà en train de fouler le sol du Machu Picchu. Xavier se précipite avec les Américains sur le mirador un peu plus haut pour accueillir le soleil. L’émotion est à son comble, les larmes me montent et je me dis que les rêves se réalisent parfois, surtout quand on y croit et qu’on s’en donne les moyens. On y est au Machu Picchu. Je l’ai tant attendu. Le soleil sort et illumine le site. Ca brille, le vert éclate. C’est magnifique, comme sur les photos mais c’est pour de vrai. Il n’y a personne à part nous et quelques autres. Petit moment hors du temps avant que Nil nous rejoigne et nous demande d’attendre sur une des terrasse pour commencer les 2 heures de visite guidée. On l’écoute attentivement, on le suit à travers ces constructions et ces cailloux. On se demande vraiment comment ils ont eu l’idée de venir se percher là haut…! La citée perdu des incas a été construite dans les années 1400 probablement comme citée royale ou religieuse. En 1530, suite à des conflits au sein de l’empire, la citée a été abandonnée peu avant l’arrivée des espagnols. C’est de cette manière que ceux-ci ne trouvèrent probablement jamais cette cité. Les années passèrent et suite à la colonisation et à la destruction de l’empire inca, on oublia son existence jusqu’en 1911 ou un archéologue retrouva la cité recouverte par végétation. A notre tour de découvrir ces pierres et leurs histoires. Nous visitons le temple du soleil, la place centrale, la maison de l’inca, le temple du condor, … la visite file à une vitesse fulgurante, on profite du soleil, du paysage magnifique et de se laisser transporter dans le temps.


Nil et Raul finissent par nous dire au revoir et nous souhaiter une bonne visite durant la journée. On leur donne un pourboire et on se serre la main. La journée est à nous.


Il est presque 9:00 et nous avons rendez-vous au point d’entrée de la montagne Machu Picchu. Nous avons pris l’option de monter au sommet de cette montagne pour avoir la vue sur toute la région. Comme si nous n’avions pas assez marché ni monté d’escaliers, nous repartons pour 1900 marches et 550m de dénivelée. Le gars à l’entrée nous dit environ 2:00 de montée. On s’arme de courage parce qu’il fait vraiment chaud et qu’on a vraiment mal aux jambes. Les premières marches sont raisonnables mais elles deviennent de plus en plus hautes et irrégulières au fur et à mesure de notre progression. Cette montée est une épreuve de tout instant. Il n’y a rien de dangereux, à part quelques passages vertigineux et étroits. Mais le chemin est bien tracé. Nous ne nous faisons dépasser par personne, on croise juste des gens qui descendent. En effet, il y a deux plages horaires pour faire cette ascension: de 8h à 9h ou de 9h à 10h. C’est pour cela qu’on croise pas mal de monde à la descente.


On fait quelques pauses pour admirer la vue, de plus en plus large et imposante. Le Machu Picchu paraît bien loin et super petit. On reprend notre souffle et on continue. La fin est la plus dure, comme toujours! Mais si on souffre c’est qu’on progresse, et la prochaine fois sera donc plus facile, non? C’est 1:30 environ après notre départ que nous atteignons le sommet, époustouflés par ce qu’on y trouve. La jungle à 360 degrés, une vue tellement différente de ce qu’on a l’habitude. Magnifique et saisissant. On se trouve un petit coin libre pour s’assoir et nous mangeons notre dîner ici. Quelques oiseaux nous tiennent compagnie puis nous voyons les deux Américains et les deux Hollandaises de notre trek arriver, eux aussi, au sommet. On fait quelques photos, quelques selfies (il faut bien quand même) puis nous entamons la descente. Il faut avouer qu’elle est tout autant éprouvante que la montée. Il faut sans cesse faire attention à nos pieds, leurs positions et leurs emplacements. On profite encore un instant de la magnifique vue avant de se retrouver entourés par les arbres et la végétation. On se prend à guetter les trous dans la foret en se disant qu’il y a peut-être un ours qui traine par là (Nil nous a dit qu’il y avait des ours par ici). Mais rien à l’horizon. Alors on continue la descente, tout en profitant de la vue sur le site au détour de quelques virages.



Arrivés en bas, dans la foule, c’est l’heure pour Delphine de faire un tour par les WCs qui se trouvent à l’extérieur du site. Xavier en profite pour faire un détour par le Pont de l’Inca qui se trouve à 15 minutes de marche. A nouveau, le calme se fait, les touristes ne viennent pas visiter cette partie de la cité. Le paysage est vertigineux et on se demande comment le chemin a pu être construit à même la falaise. Ce pont servait à protéger l’accès ouest de la forteresse.



De retour au point de rendez-vous, on décide d’aller à la Porte du Soleil, le second point d’accès inca au site. Ceux qui font le trek de l’inca de 4 jours arrivent le matin à 7:00 par cette porte. Elle porte bien son nom puisque l’on y a une vue sur le Machu Picchu lorsque le soleil se lève. Quand on y arrivera, 1:00 plus tard et quelques escaliers plus haut, le soleil ne sera plus de la partie, les nuages auront pris leurs quartiers. Mais la vue est toujours aussi belle. On ne trouve personne à part deux couples, on est seul et au calme. Ca fait du bien. On s’imagine les marcheurs arriver le matin, sales et transpirants mais saisis par l’émotion comme nous ce matin. Le Machu Picchu est peut-être touristique à souhait mais il y a une atmosphère si particulière ici. Tout le monde ne la ressent pas, mais elle est bien présente.

On s’installe au milieu des ruines et des pierres pour manger quelques biscuits puis nous décidons de redescendre pour visiter le site. Sur la redescente, on croise Taylor et Ferrel en train de monter, à bout de souffle comme on l’était un peu plus tôt. Ce sont les deux seuls autres du groupe qui auront tout visité sur le site, sportifs on vous disait! Le courant passe bien avec eux, on a pas mal de choses en commun. C’est juste dommage qu’on ne parle pas mieux anglais ou qu’eux ne parlent pas français.



Une fois de retour sur le site principal, on a un instant très court de découragement en voyant tous ces escaliers absolument partout. On a mal aux jambes et surtout aux mollets, on est fatigué et tout ce qu’on attend maintenant, c’est un coca (ou une bière !), une pizza et un bon lit. Mais la journée n’est pas encore finie. On reprend du poil de la bête quand on voit que le site est presque vide. La plupart des touristes sont déjà partis. Ils font des visites éclair. Des visites guidées de deux heures ou alors un tour du site principal entre 9h et 14h puis s’en vont. Il est 15 heures et nous avons donc le loisir de tourner, monter et descendre à notre guise dans le site. On visite tout ce que l’on peut, chaque petite maison, chaque parcelle de cailloux, chaque terrasse accessible, chaque escaliers présents (j’espère que vous sentez la pointe d’exagération dans ces propos, mais on avait vraiment cette impression sur place tellement tout nous faisait souffrir). On joue à cache-cache avec les lamas, des vrais tondeuses à gazon, on surprend les viscachas (les sortes de lapins-marmottes que nous avions déjà vues à la montagne) sortir de leurs cachettes et on salue les quelques derniers vigiles qui doivent s’ennuyer à mourir. Il est presque 16h30 et le site ferme à 17h00. On se dépêche de voir encore les quelques dernières maisons accessibles et la vue sur d’autres faces de la montagne. On rejoint finalement, et sans regret, la porte de sortie en jetant un dernier coup d’oeil derrière nous. Quelques larmes montent à nouveau, c’était une journée hors du temps et mémorable. On passe la porte, on tamponne notre passeport avec le tampon du Machu Picchu et on retrouve Bobby3 ou 4 ou 5, on se souvient plus trop du compte. Il est là, assis parterre, comme s’il nous attendait toute la journée. Il redescend avec nous les 1700 marches jusqu’au pont. On trouve quelques potes à lui sur le chemin qui se joignent à nous. Nous aurons finalement mis plus de temps à descendre du Machu Picchu que d’y monter ! C’est vous dire l’état de nos cuisses… Nous faisons une dernière photo du pont et voyons nos deux amis américains terminer de descendre les dernières marches. Nous retournons à Aguas Calientes en leur compagnie et celle des chiens. La boucle ne pouvait pas mieux se boucler.



On rejoint notre hôtel où une douche tant appréciée nous attend. On voit les deux Hollandaises qui nous attendent pour aller souper. Nous serons 8 ce soir: Dany, Shaun, Ferrel, Taylor, les deux Hollandaises et nous. On se douche rapidement et on se rejoint dans le lobby. On trouve une pizzeria, on commande des bières, des piscos sour et plein de pizzas familiales. Comme si les 62km du trek et les milliers de marches sur le Machu Picchu ne nous avaient pas suffisamment épuisés, ce souper aura fini de nous achever. Après une journée sportive à souhait de plus de 15 heures, nous voilà avec de parfaits anglophones ne parlant pas un mot de français. On aura beaucoup ri mais pas beaucoup parlé: ils parlent trop vite, sont trop spontanés. Le temps qu’on prépare notre phrase ils en sont déjà trois vannes plus loin. Un très bon moment tous ensemble pourtant.


Une fois le souper terminé, nous les laissons aller prendre un dernier verre et nous rentrons nous coucher, claqués.


Sixième jour:


Il est 8:00, on a l’impression d’avoir fait la grasse matinée. On hésite à sortir un pied du lit en se demandant quelle sera la sensation une fois posé sur le sol. On a trop de fois vécu cette scène, les lendemains de montagne. On sait très bien qu’une douleur va s’infiltrer sur le plat du pied puis remonter le long des jambes. On sait que nos muscles risquent de nous faire souffrir. Pourtant, on reste optimiste, qui sait peut-être que la nuit a été réparatrice et que nous serons frais et dispos pour attaquer une nouvelle journée (oui, parce qu’aujourd’hui ce n’est pas encore notre journée de repos!). Ce n’est qu’un leurre. Une fois les pieds posés parterre, il faut se lever. Et là, une décharge électrique dans les mollets, les pieds et les cuisses. Je ne savais pas que les muscles pouvaient être rancuniers à ce point-là! Chaque mouvement nous rappelle chaque escaliers de la veille, ces fameux escaliers qui nous disaient « tu verras demain, tu m’aimeras un peu moins. ». On confirme. Cependant, pas le temps de se plaindre ni de retourner au lit, il faut finir les sacs et déjà se remettre en route à la recherche du petit déjeuner et ne pas louper le train pour rentrer. Même si les jambes râlent, on oublie vite les courbatures.


Après avoir acheté des petites pâtisseries à la boulangerie du coin, on fait une dernière fois le tour de la place et nous dirigeons vers la gare. Nous prendrons le train Peru Rail (compagnie appartenant à des Chiliens soit dit en passant…) pour nous rendre à Ollantaytambo. C’est le trajet classique que les touristes font pour retourner à Cusco. De là, on prendra un bus (ou un combi) pour Cusco.

On arrive à la gare et on la trouve blindée de gens. On ne pensait pas qu’il y aurait autant de monde à cette heure-là déjà! Apparemment il y a un train avant le nôtre. Ouf. Mais bon le nôtre sera tout autant plein. Heureusement qu’on a des places réservées. On monte et on traverse le wagon où les touristes sont déjà bien installés. C’est quand même marrant de voir autant de gens qui ne se cachent pas d’être des touristes. C’est marqué sur leur front. Nous on s’en cache, on essaie de paraître local (même si on est encore vachement blanc par rapport aux locaux malgré notre bronzage avancé), de vivre ici comme si on était chez nous, de ne pas faire partie d’un flot de touristes mais d’être des voyageurs intéressés par leur culture et leur quotidien. Mais bon, dans ce train, on est juste des touristes, comme les autres.



On se retrouve en face de deux Américains, Lucas et sa maman qui sont au Pérou pour l’anniversaire de cette dernière. On sera surpris et enchanté par cette rencontre, on passera les trois heures que dure le trajet à discuter avec eux (surtout avec lui): études, job, voyages, projets, rêves, culture,… ! On découvre quelqu’un de très intéressant et cultivé, quelqu’un d’intéressé par l’autre, ouvert, disponible et qui dégage un tel calme dans sa façon de parler. On appréciera grandement ce moment avec lui, on échangera nos contacts « au cas où ». On se quitte sur le quai de gare à Ollantaytambo après avoir traversé la forêt et longer la rivière en s’éloignant du Machu Picchu. Un décor féerique et un peu mystique comme ça.


Nous voilà donc avec nos sacs à Ollantaytambo, la chaleur prend toujours ses quartiers. L’agence nous avait prévu un retour jusqu’à Cusco, mais on décide de s’arrêter dans cette ville aujourd’hui pour aller visiter son site archéologique inca. Ce sont des ruines qui font parties de la fameuse Vallée Sacrée à visiter aux alentours de Cusco. Les agences proposent des tours pour visiter différents sites. Puisqu’on est là, on va s’y rendre nous-mêmes. D’ailleurs, on ne sait pas pourquoi les gens ne font pas la même chose, ça leur éviterai de revenir une deuxième fois. Après réflexion, probablement qu’ils ne le savent même pas et qu’ils se laissent juste transporter de point en point par les agences.

Donc bon, on se rend sur le site, on paie notre Boleto Turistico qui sera valable pendant 10 jours pour tous les sites de la vallée sacrée que nous ferons par la suite. On leur dépose nos sacs le temps de la visite contre une « propina » (pourboire) et nous voilà déjà entrain de grimper de grosses marches qu’on connaît trop bien maintenant.


Il s’agit de la dernière forteresse de la vallée construite par les Incas. A nouveau, de grandes terrasses et des escaliers nous accueillent. Le site est vide, les tours ne sont pas encore arrivés. On ne croise que quelques personnes en solo. On grimpe, on s’arrête, on observe ces énormes pierres et la façon dont elles ont été posées pour construire les édifices. On se fait les même réflexions qu’au Machu Picchu : comment ont-ils réussi à transporter ces pierres jusqu’ici et à les disposer de manière si régulière et parfaite? On ne pourrait pas glisser une feuille de papier entre chaque pierre. C’est absolument subjuguant. On continue notre tour, longeons la face de la montagne sur un petit chemin fait de planches en bois et un peu plus loin, on descend dans une maison. Elle comporte deux portes, une en bas et une en haut. Sauf qu’en haut, il n’y a pas de plancher. Ca ressemble à un deuxième étage mais actuellement il n’y en a pas. Ca rend la scène assez drôle. Parfois, on aimerait bien comprendre comment ils pensaient pour mieux se représenter ce qu’on voit.



On redescend pour aller voir de l’autre côté. On trouve d’autres petites maisons puis revenons à l’avant voir les petites fontaines et le temple de l’eau. C’est beau et bien conservé. Finalement, nous allons chercher nos sacs et allons acheter de quoi dîner. On trouve du pain, du jambon, du fromage et même un thé froid pour Delphine. Que demander de plus. On s’installe sur la place principale, on se fait klaxonner par tous les taxis qui passent devant nous (qui veulent absolument nous ramener à Cusco) et on mange nos victuailles.



Une fois le repas terminé, nous nous dirigeons en face du site inca, de l’autre côté du pâté de maisons pour monter sur la face de la montagne. On a vu depuis le premier site visité le matin qu’il y avait d’autres ruines sur cette face et que des gens s’y promenaient. On va donc monter par là. Aucune entrée à payer, on entame le chemin un peu étroit et pas toujours très fiable. On atteint vite les premières ruines. C’est beau mais petit, alors on continue vers les autres plus hauts. Le chemin est toujours étroit mais rien de bien méchant. Une fois arrivé, on s’arrête un petit moment pour faire le tour et regarder la vue que cette endroit nous procure. Il s’agit en réalité des greniers incas, situé en hauteurs afin de décourager les voleurs et de protéger les réserves.

On voit un chemin monter encore plus haut et on aperçoit d’autres ruines. Le vent commence à souffler et et la pluie hésite à tomber. Nous, on se dépêche de monter pendant que la pluie hésite. Le chemin devient de plus en plus incertain et glissant, le vent souffle de plus en plus fort et je dois m’accrocher aux branches des buissons pour ne pas m’envoler. Le chemin est raide et mon vertige refait surface par passage. Une fois arrivés aux ruines, la vue est vraiment belle, le vent qui souffle et la pluie qui s’est enfin décidée à venir rend ce paysage mystérieux. Je laisse Xavier aller s’aventurer dans les ruines, moi je reste accrochée au rocher que j’ai trouvé en attendant de redescendre.

La descente sera rapide et moi difficile que je le pensais. On emprunte un autre chemin pour arriver au village que celui pris pour monter. Il nous permet de faire le tour et de voir d’autres ruines cachées. C’est magnifique, vertigineux.



Une fois sur la place, on redescend au terminal dans le but de trouver un bus et rentrer à Cusco. Cette fois, on est vraiment crevé et nos jambes avancent toutes seules. C’est que pour cette journée, il n’y avait pas de mule et nous avons dû porter nos sacs avec toutes les affaires du trek ! Mais l’avantage dans ces pays de l’Amérique du Sud, c’est qu’on n’a pas besoin de faire trop d’efforts pour trouver un moyen de locomotion. Sur l’axe principal, un minibus nous klaxonne et nous lance un « Cusco? ». Alors on a sauté sur l’occasion et on lui a machinalement dit « Si, Cusco! Cuanto cuesta? ». Pour 10 soles (3CHF) chacun, nous voilà à bord d’un bus qui va nous ramener directement et sans arrêt à Cusco. Deux heures de route dont une heure de sieste et un magnifique arc-en-ciel pour couronner cette semaine magique.


Nous voilà rentrés de notre semaine de trek épuisante avec des courbatures dans les mollets et quelques muscles renforcés. Malgré les douleurs qui courent dans nos membres, on se sent bien et contents de ces derniers jours. On se repasse le film de chaque journée et on se voit sourire bêtement. A notre retour, nous sommes accueillis par le même jeune à l’accueil qui nous avait justement dit qu’il se réjouissait de notre retour. Il nous indique donc que nous sommes à nouveau dans le même dortoir qu’avant et nous demande de remplir le formulaire d’arrivée. On monte, on prend nos quartiers, on vide nos sacs, on fait un tas pour la laverie et un tas pour le rangement. On va se doucher (à l’eau quasi froide car on n’a toujours pas compris à quel moment de la journée il y avait de l’eau chaude) et on sort manger un poulet à la braise avec des frites. Une fois notre assiette copieuse finie, on se dirige vers notre lit tant attendu où Morphée nous attend déjà bien installée.





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