TRUJILLO
Après une nuit de plus passée dans le bus, nous arrivons avec nos amis Suisses Noélie et Adrien sur la côte péruvienne. Il est seulement quatre heures du matin et il fait relativement froid. Evidemment, à cette heure-là, tout est fermé. On décide alors d’attendre au terminal et Noélie en profite pour téléphoner à sa maman. Le temps passe relativement vite et à six heures, nous décidons de nous mettre en route. Les huit chauffeurs de taxis présents à l’entrée nous sautent dessus et nous proposent de nous conduire où bon nous semble. Nous déclinons toutes leurs offres avec de larges sourires en leur expliquant que marcher est bon pour la santé. Nous avons le temps et nous ne sommes pas pressés. Nous arrivons sur la place principale une petite heure plus tard et constatons qu’absolument tous les cafés du coin sont fermés ! Nous arpentons les rues désertes et ses portes closes. Nous accostons une policière et lui demandons si elle connaît un endroit où nous pourrions prendre le petit-déjeuner à cette heure-là. Tout sourire, elle nous indique qu’à quelques cuadras de là se trouve le mercado de la ville. Cette nouvelle nous réjouit et nous nous y dirigeons d’un pas certain.
Une fois arrivés, nous trouvons des comptoirs remplis de gâteaux de toutes sortes, d’empanadas, de fruits frais, de jus, etc… ! Chaque comptoir compte environ six serveuses qui nous lancent des « holà » par-dessus leurs papayes et une multitude d’autres fruits. Puisque toutes vendent la même chose, nous nous installons au premier comptoir nous faisant de l’œil et nous voilà entrain de commander des jus de fruits absolument divins, des tranches de gâteau au chocolat coulant trop bon et d’autres petites choses qui viennent remplir notre estomac. On prend le temps d’apprécier chaque bouchée jusqu’à ce que notre estomac n’en puisse plus. Puisqu’à cette heure-là les clients ne courent pas les rues, les serveuses tuent leur temps en se maquillant devant nous ou en envoyant quelques textos. Le spectacle est drôle et cela rend ce petit-déjeuner bien authentique.
Voilà que huit heures sonnent au clocher de la place d’Armes. Les rues s’animent à un rythme plutôt calme pour une ville Péruvienne. Les voitures jouent déjà du klaxon mais les piétons ne sont pas légion. Nous partons à la recherche d’une auberge de jeunesse acceptant de garder nos gros sacs pour la journée. En effet, Noélie et Adrien repartiront ce soir pour Mancora tandis que nous, nous nous dirigerons vers Huanchaco à quelques kilomètres de Trujillo. Nous passons la porte d’une auberge et atterrissons dans un couloir un peu sombre et glauque. Nous trouvons la gérante un peu plus loin et lui exposons notre souhait. Elle ne comprend pas tout à fait ce que l’on veut et insiste pour nous louer un lit pour quelques heures. Après lui avoir répété quatre fois la même chose, elle finit par accepter de garder nos sacs contre quelques soles. Nous pouvons alors repartir bien plus légers pour visiter les lieux fars de la ville.
Trujillo est une ville surprenante. Nous ne nous attendions à rien de particulièrement attrayant mais elle mérite qu’on s’y attarde. Ses ruelles sont remplies de charme par les couleurs vives de chaque bâtiment. Chaque fenêtre possède une protection métallique de sécurité construite avec élégance. On se surprend à chercher différents types de fenêtre et à les photographier. Il règne ici un calme et une ambiance plaisants. On accoste le vendeur de fruit au milieu de la rue pour lui demander si l’on peut goûter ces fruits rouges que nous ne connaissons pas encore. Il finira par nous en donner tout un régiment de ce qui s’appelle ciruella. En dehors de ces rues colorées, Trujillo est connue pour ses deux sites archéologiques : Chan Chan et Huaca de la Luna. Le premier est la plus grande citée précolombienne faite d’adobe construite par la civilisation Chimù. Chan Chan était leur capitale. Cette civilisation a existé pendant plusieurs siècles de 1000 à 1470 environ et a été décimée par l’arrivée des Incas. Le second site archéologique nous envoie quelques temps avant la civilisation Chimù et nous présente la culture Moche. Huaca de la Luna est le lieu de culte le plus important des Moches. Ce temple a été construit en forme de pyramide. On vous donnera plus d’informations sur la construction de ces deux temples par la suite.
C’est donc vers ces deux sites qu’on décide de nous rendre. On trouve facilement le bus qui nous déposera à l’intersection de la route principale et de celle menant au temple. On parcourt les derniers kilomètres à pieds et peinons à imaginer qu’une si grande cité ait pu être construite ici. Nous nous trouvons au milieu de rien : du sable et des cailloux. Nous observons tout de même divers monticules de sable de formes géométriques, nous rappelant des ruines enfouit dans le sable. Au loin nous voyons s’élever les murs de la forteresse de plus de 10 mètres de haut. Nous arrivons à l’entrée d’un temple en adobe plutôt bien restauré. Nous demandons les services d’une guide parlant français afin de saisir un peu mieux l’histoire de ce temple. La cité de Chan Chan se décompose en neuf palais grandioses mais sur ces neuf palais seulement un se visite. Si certains ont encore des murs, les autres se remarquent uniquement par les monticules de sable par endroit.
Le palais que l’on visite s’appelle le palais NIK-AN et il se décompose en plusieurs salles. Au fur et à mesure de notre visite, nous découvrons la place de cérémonie principale où se passait les célébrations, les cultes aux ancêtres et au chef Chimu, le corridor des poissons où comme son nom l’indique des poissons étaient gravés dans l’adobe, la salle des audiences, la deuxième place de cérémonie ou encore la plateforme funéraire dans laquelle se trouve le chef Chimor. Lors des recherches archéologiques, quarante-quatre tombes ont été retrouvées à côté de celle du chef. Il existait un procédé particulier : à la mort du chef, tous les membres de sa famille ainsi que ses servantes et concubines étaient tués et enterrés proche de lui afin de l’accompagner dans l’autre vie. De là, un nouveau palais était alors construit pour le prochain roi et sa nouvelle famille.
Nous suivons la guide dans des couloirs encore vides de touristes ; cela rend notre visite d’autant plus authentique. Une fois le tour terminé, nous parcourons à nouveau quelques kilomètres le long de la route pour rejoindre le musée exposant des objets retrouvés sur le site Chimu. Le musée n’est pas très grand mais vaut la peine de s’y arrêter pour en apprendre plus sur cette civilisation et mieux comprendre leur mode de vie. Nous croisons même sur le pas de porte notre premier chien nu. Un chien sans poil, typiquement péruvien.
L’heure tourne et nous décidons de reprendre le bus en direction du temple Huaca de la Luna qui se trouve à une quinzaine de kilomètres de là. On fait un signe de main au minibus pour qu’il s’arrête et il nous dépose proche d’un marché bien local bondé en ville. Les gens rencontrés sur place nous font mille gestes pour nous expliquer quel bus nous devons maintenant prendre pour aller jusqu’au temple. Apparemment, ils ne s’accordent pas tous sur le bus ni sur l’endroit où le prendre. On monte dans un van qui nous déposera un peu plus loin sur la route. Un autre van devrait passer au même moment. Le rabatteur de notre van crie au milieu du trafic pour que le bus en question s’arrête et nous prenne. Il freine, fait un lent demi-tour et nous fait monté en quatrième vitesse. Trop facile au Pérou ! On arrive à destination peu de temps après.
Une fois que nous nous sommes acquittés de la taxe d’entrée du site, nous en profitons pour faire un tour au musée. La visite est superbe et très intéressante. Les différents objets archéologiques sont mis en valeur avec de nombreuses explications. Riches de toutes ces informations nous partons visiter le temple. Nous attendons quarante-cinq minutes que la guide francophone se libère et profitons de faire le tour de quelques stands d’artisanat.
Ce temple est fascinant par sa construction. Il est composé de cinq édifices superposés. Chaque étage était utilisé pendant environ cent ans et quand un prêtre mourrait, l’édifice était recouvert en intégralité par des briques d’adobe laissant les morts dans le vieil édifice. Ils construisaient ensuite un nouvel édifice identique par-dessus en agrandissant ainsi le temple. De cette manière la construction grandit sous forme de pyramide de sable rongée par les année. La visite dure environ une heure et nous sommes stupéfaits par cette construction, nous pouvons voir les différents étages avec leurs peintures et leurs sculptures. Une fois à l’extérieur, nous voyons bien la construction pyramidale de ce temple et sommes époustouflés. Si ce temple est celui de la Lune, non loin de là se trouve le temple du Soleil dans lequel les archéologues sont toujours en train de faire des fouilles. Il serait lui aussi construit de la même manière. On prend une grosse claque en découvrant tout cela.
Le milieu d’après-midi est déjà là et nous mourrons de faim. Nous retournons au centre-ville pour trouver un endroit où dîner à une heure si tardive. Finalement, nous retournons au marché où nous avions pris le petit-déjeuner ce matin. Un peu plus au fond du marché, après avoir passé les vendeurs de viandes et légumes, nous trouvons les rabatteurs de petites échoppes qui nous sautent dessus en voulant nous vendre leurs menus du jour. Nous nous installons à un comptoir et commandons des plats typiques Péruviens. On se laisse tenter par le fameux ceviche, poisson cuit à froid dans du jus de citron, le tout avec une petite salade. On se régale, une fois de plus ! Une fois rassasiés, nous partons faire un tour dans les étalages de ce grand marché avant de sortir flâner dans les rues. La météo agréable nous insiste à nous installer sur une terrasse boire un jus. Noélie et Adrien partent ensuite prendre leur bus pour Mancora tandis que nous, nous prenons un vieux bus jaune (ohhh nostalgie de nos bons vieux bus postaux !) pour nous rendre à Huanchaco, un village à quelques kilomètres de Trujillo. Nous y passerons quelques jours de repos rythmés par le bruit des vagues.