HUANCHACO
Après avoir quitté Noélie et Adrien, avec qui nous avons passé la journée à Tujillo, nous nous dirigeons vers l’axe principal pour trouver un bus en direction de Huanchaco. Le trafic est dense ce soir, le soleil se sera finalement couché avant que le bus n’arrive pour nous emmener avec lui. On attend patiemment à côté de toutes les autres personnes pressées de rentrer chez eux. Après quarante-cinq minutes, le bus se montre et nous lui faisons signe de s’arrêter. Il est plein à craquer. Le gars prend nos gros sacs et les jette à l’avant entre le siège conducteur et passager. La guitare de Xavier aura pris quelques jetons à ce moment-là. Dommage mais ça fait partie du voyage. On s’installe et on se laisse trimbaler pendant une heure. Huanchaco est un gros village au bord de la mer à quelques kilomètres de Trujillo et il ne faut certainement pas autant de temps pour l’atteindre mais puisque le van fait mille et un détours, cela prend du temps. Nous arrivons à destination alors que la nuit s’est installée depuis longtemps. On évite les ruelles vides de monde et on privilégie la route de la plage. On trouve l’auberge Crazy Frog un peu à l’écart du centre. Elle paraît accueillante, spacieuse et amicale. On découvre des hôtes affairés en cuisine ; l’ambiance y est bonne. La staff de l’accueil nous propose une chambre un peu chère mais c’est tout ce qu’il leur reste. Ça fera l’affaire pour aujourd’hui, nous n’avons pas envie de ressortir chercher une autre auberge à l’heure qu’il est. On s’installe dans notre chambre, on prend une douche pour se débarrasser des résidus de la chaleur trop présente de la journée et on s’endort rapidement.
Les jours suivants vont passer vite et se ressembleront. Chaque matin je me dirige vers le mercado du coin où les habitants vendent leurs légumes, fruits, viandes et diverses autres choses. J’aime ce bol d’air frais le matin avant que la chaleur ne reprenne ses quartiers. Seule dans les rues accompagnées par des chiens vagabonds, je rejoins ce petit marché. Il est minuscule par rapport à tous les autres que nous avons déjà faits. Je me fais dépasser et aussi klaxonner par quelques tuk-tuks allant dans la même direction. Si les rues étaient désertes jusque-là, le marché possède une force d’attraction fascinante : il rassemble tant de monde dans un endroit si confiné. Les rues sont débordantes et pleines de vie. Je me faufile entre deux stands puis entre deux mamas en grande discussion, et j’atteins finalement l’entrée du marché. A l’intérieur, le chao règne encore plus que dans les rues. Cette ambiance me plaît. J’ai l’impression d’être une personne lambda que personne ne souhaite déranger, mais j’ai aussi cette impression d’être considérée par chacun de leur sourire et salutation. J’achète du pain, des fruits, des légumes pour le midi et ressors de là. Je passe cette fois-ci par la plage pour rejoindre l’auberge. La vie s’est installée : les marchands de glace à vélo pédalent pour rejoindre leur emplacement favori, les petits vieux font leur promenade matinale, les touristes rôdent à la recherche d’un restaurant offrant un petit-déjeuner continental, les quelques voitures roulent déjà, … La mer, elle, est toujours présente et salue à chacune de ses vagues.
Après avoir profité d’un bon petit-déjeuner sur le balcon avec vue sur la mer, nous partons explorer le village. On profite que les touristes fassent la grasse matinée pour aller nous promener le long de la plage sans qu’elle soit recouverte de linges et de parasols. Deux petits vieux adorables se font la conversion sur le muret séparant la plage de la route. Des filets de pêche trainent à côté des bateaux faits de roseaux. Assez rapidement arrivent les premiers courageux avec leur planche de surf. Huanchaco est réputé pour les bonnes vagues et les jeunes en recherche de bon temps viennent souvent ici pour profiter de ce que l’endroit a à offrir. On s’installe et on regarde quelques débutants se prendre de grosses gamelles. Xavier a tout de suite envie d’essayer ce sport mais l’eau un peu froide du coin le rebute. On aura sûrement l’occasion de s’y essayer au Brésil. De l’autre côté du débarcadère, des surfeurs plus expérimentés glissent sur les vagues. On se dirige vers eux une glace à la main et on s’installe pour les regarder dompter l’eau si aisément. On y reviendra plusieurs fois durant notre séjour, notamment au coucher du soleil où une atmosphère bien différente s’en dégage.
Il est déjà passé midi et réglés comme des horloges, nos ventres grognent. On se décide à aller chercher un menu du jour pas trop cher. Tous les restaurants se trouvant le long de la plage sont hors de prix. On se perd alors dans les ruelles du village en espérant trouver un petit boui-boui sans nom avec des chaises en plastique. On tourne pendant environ une heure avant de dénicher l’endroit parfait. Notre boui-boui aura même un nom : Picanteria La Charapita. En entrant, on découvre quatre locaux entrain de manger tout en riant de bon cœur. Le sourire nous monte aux lèvres et on s’installe un peu plus loin. Le gérant vient vers nous et nous récite son menu du jour. Un poisson bien frais de la mer, cuisiné à la façon d’ici. Certainement le meilleur repas à 1.50CHF que l’on aura mangé de tout le voyage.
On flâne encore durant l’après-midi sur les quais et dans les rues qui nous mènent jusqu’à l’auberge. Le village s’anime et les stands de glaces rafraichissent les promeneurs. On rencontre sur le chemin tout un troupeau de jeunes Péruviens certainement là en course d’école ou en voyage d’étude. Ils sont si contents de voir des étrangers qu’ils nous demandent à tour de rôle, puis en groupe, de faire des photos avec nous. Voilà qui nous occupera pendant les dix prochaines minutes. Une fois à l’auberge, on prend du bon temps dans les hamacs à bouquiner et faire quelques Skype avec l’entourage. La vie est douce ici, on aimerait presque que le temps s’arrête. On profitera du bon wifi pour mettre à jour le blog et charger quelques photos.
En fin de journée, on se rend à nouveau au bord de la plage pour déguster quelques picarones home made et saluer le soleil tirant sa révérence. Quelques pêcheurs à la ligne marchent le long de la plage pendant que les surfeurs profitent des dernières vagues de la journée. Deux mondes bien différents qui ont appris à cohabiter malgré leurs différences. Huanchaco rassemble tout un éventail de personnes différentes mais il sait avant tout accueillir chaque êtres et les mettre en harmonie les uns avec les autres.
Le lendemain ressemblera beaucoup à la veille. On se laisse vivre au rythme des vagues. Marché, promenade, rencontres, glaces rafraichissantes, … Aujourd’hui, on décide de prendre les vélos en libre-service de l’hostel pour pousser notre promenade un peu plus loin et monter jusqu’à l’église du village, perchée sur la colline. Mauvais choix, ceux-ci sont tellement en mauvais état que nous ferons la ballade à pied, en poussant les vélos. Nos bécanes ne feront jamais plus de 10 mètres avant de dérailler, alors à ce rythme-là, autant pousser ! Peu importe, depuis la bute de l’église, une vue de carte postale s’offre à nous. Le soleil doux de fin d’après-midi vient caresser les maisons vétustes d’un côté et délabrées de l’autre, la mer continue son va-et-vient sempiternel. On s’installe dans la cour de l’église pour profiter de cet instant puis on redescend tranquillement. Quelques picarones sur le chemin du retour ainsi qu’un petit souper tranquille à l’auberge.
Toute bonne chose ayant une fin, nos quelques jours à Huanchaco s’achèvent et nous reprenons le bus pour Trujillo. De là, nous prendrons un bus de nuit pour arriver jusqu’à Mancora, au nord du pays. C’est le cœur pincé qu’on réalise que cela fait déjà bientôt deux mois que nous errons sur les routes du Pérou et que Mancora sera notre dernier arrêt avant de rejoindre le Brésil. Pour le moment, ce n’est encore que de la musique d’avenir ; le bus nous dépose au centre de Trujillo, d’où nous cherchons le terminal de bus. Ici, chaque compagnie de bus possède son propre terminal. Puisque l’on ne sait pas très bien quelles compagnies vont à Mancora, nous voilà en train d’arpenter les rues colorées de la ville pour rejoindre chacune de ces compagnies. Malheureusement, nous aurons droit à de mauvaises informations et aucun bus ne partira de la ville avant 19h00. Il est 10 heures du matin et nous espérions faire le trajet de jour. Tant pis, cela fait partie des imprévus du voyage ! Nous trouvons une auberge afin d’y déposer nos backpacks et repartons flâner dans les rues colorées de cette ville fascinante. Un détour par le mercado s’impose pour le repas de midi, puis nous profiterons du salon du livre à ciel ouvert sur la place centrale. Delphine craque même pour un livre de cuisine péruvienne. La journée file et bien gentiment nous reprenons le chemin du terminal de bus. Nous voilà repartis sur les routes…