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BARREIRINHAS

Nous nous réveillons de bonne heure pour nous rendre à Barreirinhas, situé à 250km de là. Marie-France est la première de nous tous à être debout. La voiture est chargée et après un petit-déjeuner rapide, elle se met au volant de leur vieux pick-up Toyota blanc. Nous nous mettons à l’arrière et partons. Le soleil n’est toujours pas levé ; on profite qu’il soit encore tôt pour éviter le trafic dense de São Luis. Nous ne l’aurons évité qu’à moitié puisque nous passerons quand même une heure dans le trafic surchargé. Soudain l'embrayage se met à faire des siennes : impossible de passer les vitesses ! La voiture hoquette, l’embrayage crisse et nous voilà arrêtés au milieu de tous les autres véhicules sans pouvoir redémarrer. On sort et on fait des signes aux gens pour qu’ils empruntent la seconde voie de circulation afin que nous puissions pousser la voiture sur le côté. Marie-France force la voiture à redémarrer sans savoir combien de temps elle décidera de rouler. Il faut dire que la voiture n'est plus toute jeune et qu'elle a régulièrement quelques problèmes techniques. À peine quelques kilomètres plus loin l'embrayage cesse de coopérer, les vitesses peinent à passer et nous voilà bientôt sur le bord de la route. Un camionneur vient regarder le problème et nous indique un garage 400 mètres plus loin jusqu’au quel il nous amène. Un garagiste vient à notre rencontre et trouve la cause du problème. Selon lui, une pièce doit être ressoudée. Pendant qu’il accomplit ses gestes de mécanicien, nous nous installons à l’ombre d'un immense manguier et prenons notre mal en patience. On profite de ramasser quelques fruits et d’en savourer le goût. C’est un vrai régal. Luciano et Xavier sortent leurs guitares et font profiter tous les employés de quelques bonnes notes de musique. Une heure plus tard le mécanicien nous annonce que la voiture est prête mais qu’il faudra être délicat avec elle. Nous prenons un stock de mangues pour la route (cela serait bête de s'en priver) et repartons. La suite du voyage se passera sans histoire... jusqu'à notre arrivée à Barreirinhas. Nous finissons les dix derniers kilomètres en seconde car l'embrayage se sent à nouveau fatigué et ne nous laisse plus changer de vitesse. Nous arriverons tout de même jusqu’à la Rua do Sol, là où Marie-France et sa famille vivent. Nous découvrons une maison spacieuse dans laquelle nous pourrons établir nos quartiers lors du mois à venir. Vale, le mari de Marie-France, nous accueille avec un large sourire bien chaleureux à la façon brésilienne ainsi qu’une étreinte amicale. Marie-France nous montre la chambre dans laquelle nous pouvons nous installer ; une salle de bain privée et même la climatisation pour la nuit ! On n’en demandait pas tant. Notre prochain mois s’annonce de tout repos.



Nous vidons nos sacs et rangeons nos affaires dans l’armoire. Un début de routine s’installe. Au fil du temps, nos journées retrouveront un quotidien connu de notre vie européenne : une vie de sédentaire et non de nomade, comme nous en avions pris l’habitude ces quelques mois. Quel bonheur de reprendre un rythme régulier et quelques automatismes. Les joies sont simples : ranger nos habits dans une armoire sans avoir à refaire notre sac le lendemain, pouvoir laisser notre brosse à dents au bord du lavabo ou encore savoir dans quelle armoire de la cuisine se trouve quelles casseroles, …


Nous avons hâte de découvrir la région de Barreirinhas : la vie locale, les coutumes brésiliennes, le portugais, … Marie-France nous organise des petites sorties presque tous les week-ends et les après-midis de semaine. Nous ne sommes pas habitués à la chaleur et à l’humidité présentent ici et nous tournons au ralenti. Finalement, le mois va passer à une vitesse folle. Le premier week-end, nous embarquons tous dans le 4x4 de la municipalité en direction d’Andiroba, le petit village natal de Vale. Nous y arrivons après quarante minutes de route et de piste. Dans ce petit village, tout est sobre ; il respire l’humilité et la simplicité. Des petites maisons de briques colorées viennent cohabiter avec le sable envahissant et une végétation verdoyante agrémente l’aspect désertique du coin. Les palmiers, bananiers, manguiers, arbres à cajoux, ainsi que d’autres arbres fruitiers bordent le village et les jardins.


La vie ici semble simple et authentique, nous avons les pieds dans le sable et le soleil tape fort. Nous entrons dans une première maison ; une des sœurs de Vale y vit. Nous sommes tous invités pour y boire le café. La sœur et son mari nous font ensuite visiter la maison, le jardin, le potager, la petite pisciculture et le perroquet familial. Nous passons de foyers en foyers pour rendre visite à plusieurs membres de la famille et boirons notre quota de café (avec beaucoup de sucre) pour la journée. Il faut savoir que Vale compte treize frères et sœurs ; les cousins, cousines, oncles et tantes sont donc nombreux. Quelques heures plus tard, c’est avec le ventre rempli de biscuits et de papayes que nous nous dirigeons vers la rivière pour une étape baignade et repos au bord de l’eau. Le cadre est paradisiaque : un bar faisant aussi office de restaurant fait face à une plage de sable qui, progressivement, descend dans une eau clair et chaude ! Nous prenons nos chaises en plastique et profitons de la fin d’après-midi les pieds dans l’eau avec l’odeur de viandes grillées venant chatouiller nos narines. Grillades, riz, fejao, farofa viendront remplir nos estomacs affamés.


Nous prendrons même la pirogue pour traverser la rivière et visiter le village d’en face. Il s’agit d’aller commander du riz chez l’une des sœurs qui vit là-bas avec son mari. Une nouvelle étape café, agrémenté d’un beau couché du soleil, s’impose avant que nous ne reprenions la route pour Barreirinhas.



La semaine s’écoule tranquillement et nous trouvons petit à petit nos marques dans ce mode de vie brésilien. Marie-France travaille tous les matins et c’est tout naturellement que nous nous proposons régulièrement à la confection du dîner. Luciano est alors mobilisé pour nous faire faire le tour des magasins de la ville : fruits, légumes et supermarché. On se fait plaisir en préparant quelques repas au goût européen dont nous avions presque oublié la saveur.

Les débuts d’après-midis sont généralement dédiés à la sieste ; la chaleur étouffante nous l’impose. C’est difficile d’exprimer ce ressenti par des mots mais cette chaleur est oppressante et n’est pas comparable à celle que l’on connaît en Suisse. Lever le petit doigt nous fait déjà transpirer plus que de raison. Ici, les Brésiliens prennent jusqu’à trois douches par jour (généralement avant chaque repas) afin de se rafraichir et se redonner un coup de boost !

Les fins de journée sont souvent calmes avec rédaction du blog, tri des photos, lecture, sudoku, logimages, petites promenades, Fire-Cry avec les garçons, foot, UNO ou simplement repos dans le jardin après le départ de la chaleur mais avant l’arrivée des moustiques.


L’heure du goûter est toujours bien appréciée : quelques fruits (papaia, cirguela, abacaxi, pinha, caju, acerola, goiaba, manga, laranja, melancia,…), un morceau de cake ou un beiju dont nous en apprendrons la fabrication. Il s’agit d’espèce de crêpes à base de farine de tapioca (racine de plante). Une spécialité brésilienne à manger encore chaude avec de la margarine. Un vrai régal ! Nous (re)découvrons également l’açai, un fruit qui se mange sous forme de jus et dont nous deviendrons totalement gaga jusqu’à notre sortie du territoire brésilien !

Le soir, nous avons droit à la gastronomie brésilienne : d’excellentes grillades de poissons, poulet et viandes rouges (churrasco) le tout servi avec le fidèle accompagnement riz, fejon (haricot rouge), farofa (farine de manioc) et salade (la petite touche suisse de Marie-France). Mais une soirée n’est pas une bonne soirée si Vale ne fait pas de fameuses Caipirinhas dont il a le secret, accompagnées des succulentes noix de cajoux du Brésil. La chaleur rend les armes et nous laisse un peu de répit jusqu’au lendemain. Cela nous permet de passer du bon temps ensemble à discuter et partager sur la vie avant d’aller au lit.



Le jardin derrière la maison est un véritable havre de paix créé et entretenu par Vale. Chaque matin, il y passe une bonne heure pour y arroser les différentes plantes, ratisser et entretenir ce petit endroit de paradis. Cocotiers, bananiers, plans d’ananas, papayers, arbre à cirguela (petit fruit rouge), arbre à acerola (petite cerise rouge), hibiscus, raisins, … ajouter à cela un nombre d’arbres, de buissons et de fleurs exotiques aux noms inconnus ! En plus de la flore, de nombreux animaux s’y trouvent, à commencer par les poules du fond du jardin, les quatre chats et le chien de la maison. Sous un tas de feuille, Caroline la tortue fait son apparition après l’avoir appâtée avec un bout de melon. De bon matin, nous aurons la chance de voir nos premiers colibris butinant les hibiscus. Lors d’un repas en terrasse, nous découvrons même un iguane perché sur une branche d’arbre. Une première pour Delphine qui s’en tient à une certaine distance « au cas où ». S’ensuit alors une véritable chasse à l’iguane pour l’attraper dans un filet de pêche et le sortir du jardin. On ne sait pas d’où Vale tient ses talents de chasseur d’iguane mais l’affaire est réglée en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Nous avons vu l’iguane changer de couleur en un claquement de doigt quand Vale s’en est approché pour l’attraper. La peur l’a submergé et il est passé de vert-plante à brun-gris. Incroyable ! Vale le déposera de l’autre côté de la place du quartier en espérant qu’il aille manger les plantes des jardins voisins et non les siennes.



Les jours passent et nous ressourcent. Nous nous reposons et profitons d’avancer le blog, mais également le tri des photos. Je passe du temps avec les garçons à jouer au foot, au basket, à la PS4, ou encore au UNO. Nous profitons de différentes ballades pour visiter la ville et les environs. Nous longeons la Rua do Sol faite de sable et de gravier pour rejoindre une route faite de pavés. Un pâté de maison plus loin, nous apercevons une dune de sable, prête à engloutir la route. Il ne nous faudra que peu de temps pour arriver à son sommet. Une vue sur le fleuve bordant la ville s’offre à nos yeux. Des enfants jouent dans l’eau à côté des petites embarcations colorées. Ici, la rivière servait de moyen de transport bien avant la construction des routes. De l’autre côté, une forte végétation sauvage nous fait face.


Plus loin, les quais de la ville offrent une agréable ambiance de jour comme de nuit. La ville devient touristique durant la saison haute car elle est l’accès au parc national des Lençois, très convoité quand les lagunes d’eau douce se forment. Ainsi, les quais ont été aménagés afin de renforcer l’attrait touristique de la ville. Il faut avouer que c’est très sympa de passer du temps ici et de flâner au rythme des autres promeneurs. Les restaurants, bars à jus de fruits, « sorveteria », magasins d’artisanat et musiciens de rues se côtoient face à la rivière. Les quais en bois amarrent de nombreux bateaux pour touristes. Nous sommes en saison basse et peu de ceux-ci sont actifs. Peu nous importe car nous sommes ici pour vivre et quand il s’agit de visiter, nous avons nos guides personnels. Le coin est si charmant que nous décidons de revenir quelques jours plus tard pour manger un excellent poisson en tête à tête dans l’un des restaurants des quais.

Durant notre visite de la ville, nous visitons également le marché au poisson. Le vendredi matin, c’est la journée des commissions pour les villages avoisinants. Le centre se remplit alors de jeeps, 4x4 et bus chargés de transporter tous ces gens sans moyen de locomotion. Les gens viennent y acheter leur stock de nourriture pour la semaine ou le mois. Le marché se trouve directement dans la rue (bien qu’il y en ait un autre dans une halle plus loin…). Les étalages proposent poissons crus, salés, séchés, en filet, encore entiers, … une belle effervescence s’y dégage et nous rappelle les marchés du Pérou et de la Bolivie. Différents coquillages et crabes sont également vendus par les marchands. Nous circulons et nous frayons un chemin dans cette ambiance marchande. Nous passons un étalage de fruits, melons-pastèques en tout genre puis arrivons dans une halle de produits électroniques et chinois. Changement d’ambiance : chaque stand propose les mêmes produits, tous importés du même pays. La mondialisation est en marche ici aussi.



L’une de nos promenades près de l’aéroport nous amènera à visiter une petite fabrique d’artisanat local. Des produits en fibre tissés et colorés sont coupés, assemblés et cousus pour en faire des sacs, trousses, dessous de plats, … Nous y retrouvons un bon nombre d’articles vendus dans le centre, notamment sur les quais. On craque pour quelques souvenirs (encore !), mais réalisons que nous sommes pratiquement partis sans argent. Nous demandons pour réserver les articles et revenir les chercher (et les payer) le lendemain. Le vendeur-couturier nous propose de tout prendre avec nous aujourd’hui, de payer ce que nous pouvons et de revenir avec la différence le lendemain. La vie brésilienne nous semble si peu compliquée. Nous le remercions et sortons heureux de nos dernières trouvailles. L’artisanat du Brésil change zone par zone tout le long de la côte. Ici, il est déjà différent de celui trouvé à Sao Luis. Nous sommes contents de pouvoir découvrir un travail nouveau et de pouvoir nous émerveiller sans cesse. Sans abuser de sa bonté, nous profitons que Marie-France rentre en Suisse cet été pour acheter des souvenirs que nous ne pourrions pas nous permettre de transporter en temps normal.

Nous continuons notre route et assistons à un match de foot entre jeunes sur un terrain de sable. On oublie souvent qu’ici les brésiliens sont nés avec un ballon au pied. Chaque village possède son terrain de foot (comme partout en Amérique du Sud, en fait) et/ou sa salle de sport.

Sur le chemin du retour, on croise Marie-France venue apporter la voiture au garage pour réparation. Elle nous explique ses misères et nous comprenons pendant notre séjour chez elle que si parfois la vie ici paraît si simple, elle peut être tout autant compliquée dans les domaines d’organisation, de planning, de prévision, de corruption, de confiance, … nous sommes contents d’être ici en voyage et vivant au jour le jour !

La ville de Barreirinhas se trouve au bord du Parque Nacional dos Lençóis Maranhenses qui est célèbre pour ses dunes de sable fin entrecoupées par des belles lagunes d’eau douce. Malheureusement pour nous, nous sommes actuellement à la fin de la saison sèche et les lagunes ne sont remplies qu’après la saison des pluies jusqu’à ce que le soleil n’ait raison d’elles. Dans le nord-est du Brésil, la saison des pluies commence normalement à la fin du mois de décembre et s’étend jusqu’à mai ou même juin. La réalité est bien différente de nos jours car la pluie tarde de plus en plus à venir et bien qu’elle laisse quelques averses éparses, la vraie pluie diluvienne arrive plutôt fin janvier selon les années. Si nous ne nous plaignons pas d’avoir le beau temps pour visiter cette belle région du Brésil, il en est tout autre pour les habitants du coin. N’ayant pas de pluie de juillet à décembre, il faut compenser ce manque d’eau pendant ces six mois de saison des pluies. Les plantes, les arbres, les cultures, etc… en ont besoin. Ainsi, si nous voulions voir de l’eau dans les dunes, il nous aurait fallu venir rendre visite à Marie-France au mois de juillet !


Peu importe, les paysages ne restent non pas moins magnifiques et Marie-France nous propose d’aller voir les « petites » dunes de sable du côté de Paulino Neves. Le chauffeur de Vale passe nous prendre en début d’après-midi (enfin, il devait venir en début d’après-midi, mais avec les horaires brésiliens, nous partons plutôt après 15h30 !) et nous roulons durant une bonne heure sur une piste de sable puis de gravier. La route est neuve et de nombreuses petites maisons en construction la bordent. Les habitants de la terre ont déménagé afin de vivre plus près de l’accès routier qui les relie à la civilisation. On penche notre tête vers la fenêtre et nous observons ce décor si sec et si inconnu à nos yeux. Le ciel se couvre et nous offre quelques gouttes de pluie si passagères qu’elles ne nous font même pas peur. La route débouche sur une étendue de dunes de couleur blanche et brune. La pluie fraichement tombée donne une couleur bien particulière au sable, créant de magnifiques motifs sur celui-ci. Le chauffeur s’arrête sur le bord de la route ; nous sortons du véhicule, prenons nos tongs à la main et partons profiter de ce paysage lunaire. Il est difficile d’avancer dans le sable avec nos tongs aux pieds. Nous renonçons donc bien vite et les prenons à la main pour continuer à pieds nus. On grimpe sur la première dune afin d’y voir la vue. Silvio, qui a de l’énergie à revendre, nous appelle depuis le sommet de la prochaine. On redescend, pour mieux remonter le second gros tas de sable. Le sable fatigue mais nos yeux profitent de ce décor qui se répète inexorablement. On distingue bien les tâches foncées dans les creux que forment la géométrie des dunes, signe que des lagunes d’eau douce devaient être présentes quelques mois auparavant. Nous retournons au véhicule où le chauffeur nous attend. C’est reparti pour quarante minutes de route en direction de la mer. Sur la piste, nous observons de nombreux travaux d’installation d’un grand parc éolien. La route de cailloux contourne les champs de dunes pour finalement nous amener au bord de la mer. Nous sortons du véhicule et profitons d’un paysage magnifique et calme. Le ciel gris et menaçant contraste avec les bleus différents d’une mer mouvementée. Une petite falaise de sable colorée de jaune et d’orange sert de rempart à la maison-restaurant présente à côté de la plage. Malgré le vent, nous profitons de nous promener sur ce bord de plage, les pieds dans l’eau, tout en ramassant des coquillages. Nous rencontrons un groupe de pêcheurs sous un abri de fortune ; Marie-France entame la discussion. Ils viennent des terres et sont ici pour quelques jours afin de faire le stock de poissons. En voyant la taille de leur petit bateau à moteur on se demande comment ils trouvent la force et le courage (ou la foi) d’affronter la mer dans une si petite embarcation. L’heure tourne et la luminosité commence à baisser. Il est l’heure de reprendre la route en direction de la maison.



Dans la série des visites du coin là où les touristes ne vont pas, nous prenons la direction de Tapuio, un petit village à quinze minutes de bateau à moteur de Barreirinhas. Nous marchons jusqu’au port de Barreirinhas où un jeune gars doit venir nous chercher avec son bateau. Nous embarquons tous et enfilons nos gilets de sauvetage. Le paysages se met alors à défiler devant nous. De parts et d’autres de la rivière, la végétation se fait dense et verte. De la mangrove vient grignoter de l’espace sur le fleuve. Sur notre passage, de beaux oiseaux s’envolent. Ce mode de locomotion nous permet réellement de profiter du paysage et de changer de perspective. Le fleuve est calme et l’air émis par la vitesse du bateau fait du bien au visage. Nous débarquons sur une petite plage de sable. Ici, les habitants vivant au bord de l’eau ont aménagé leur plage avec un petit restaurant attenant. L’ambiance y est festive et balnéaire. Nous partons visiter le village car Vale souhaite rendre visite à Madame Géraldine, une connaissance de la famille.

Nous sommes accueillis par un petit bout de femme aux cheveux gris de près de 70 ans qui s’empresse de nous installer sur sa terrasse, à l’arrière de sa maison. La voilà déjà repartie en cuisine car elle souhaite nous préparer des beijus pour accompagner le café. Ce n’est que trente minutes plus tard qu’elle ressort de la cuisine, les beijus dans une main et le café dans l’autre, pour nous rejoindre. La discussion est lancée et nous avons bien de la peine à suivre. Nos bases d’espagnol ne nous permettent pas de comprendre ce portugais si chantant. Nous partons rejoindre les garçons qui ont trouvé un manguier dans le jardin. Les fruits sont mûrs et Luciano grimpe à l’arbre pour en récolter les fruits. Une bonne heure plus tard nous repartons de chez Madame Géraldine avec la moitié des mangues récoltées, soit quelques kilos ! Cette fois-ci, l’heure tant attendue de la baignade a sonné ; nous n’avons tout de même pas mis nos costumes de bain pour rien ! L’eau nous accueille et nous rafraichit comme nous l’espérions. Nous jouons dans l’eau alors que le soleil se couche progressivement. Nous profitons encore de ces derniers instants en prenant une bonne bière fraiche avant d’embarquer sur le bateau en direction de la ville, enchantés par l’après-midi passé ici. La vie à Barreirinhas nous permet de découvrir une autre réalité bien loin de celle que l’on pouvait imaginer avant de quitter la Suisse.



Le weekend suivant, nous embarquons à nouveau en direction du village d’Andiroba. Vale doit être présent pour une assemblée du village qui se tient dans l’église, la grande salle du village. Nous trouvons tous une place dans la voiture (Delphine sur mes genoux, Silvio sur les genoux à Vale, … ) et prenons la route. Alors que pour Vale la journée est faite de discussions, nous profitons pour notre part du soleil, de l’eau rafraichissante de la rivière, d’une bonne partie de volleyball couronnée par un excellent repas aux saveurs brésiliennes. En fin d’après-midi, nous traversons la rivière en taxi-pirogue (un service gratuit offert par la commune) pour nous rendre dans le village voisin chercher la commande de riz que Marie-France avait faite il y a quelques jours. Nous sommes à nouveau accueillis les bras ouverts et avec une tasse de café. Delphine en profite pour passer commande d’un hamac chez la sœur de Vale ; Marie-France le lui amènera en Suisse cet été lors de leurs vacances. Le café terminé, nous repartons le sourire aux lèvres et avec un sac d’une dizaine de kilos de riz sur l’épaule. Nous terminons la journée avec une petite sieste dans les hamacs, à la fraicheur d’une terrasse de maison.



Le soir suivant, nous participons à la procession de la Sainte Vierge de la Paroisse de la ville. Les rues du centre sont bloquées et un cortège se forme. L’ambiance est festive et on ne compte plus les accolades entre gens qui se connaissent ; comme si toute la ville se connaissait en fait. Les enfants en habits blancs et les prêtres de la paroisse ouvrent la marche. Vient la statue de la Sainte Vierge chargée sur un pick-up blanc et décoré de fleurs, suivi de près par un camion sono avec un groupe de musique qui entonne des chants. Une fois tout ce petit monde à l’avant du cortège, les paroissiens et habitants peuvent venir former la suite du cortège à l’arrière du camion sono. Nous nous joignons à eux, entourés par des chants, des fanions et beaucoup de joie. Nous marchons à travers le centre, faisons une boucle et finissons sur la place de l’église où des stands, des chaises et une grande scène ont été dressés pour l’occasion. Nous prenons place et participons à la messe à ciel ouvert. Le prêtre donne de la voix et les chants sont entrainés de manière festives et vivantes. Malgré une forme de messe catholique, la dynamique de cette messe nous rappelle les cérémonies de types évangéliques. La cérémonie se termine et nous décidons d’aller manger une pizza dans l’un des restaurant de la ville tenu par un Italien.



Nous visitons également plusieurs projets sociaux de la ville. Une série de maisons viennent d’être construites pour des personnes dans le besoin. L’inauguration approche et nous passons voir les préparatifs de cet événement. Nous aurons également la chance de prendre part à l’une des rencontres d’un groupe actif pour les jeunes de la région. Ce groupe promeut le recyclage de l’électronique à partir de bricolage. Delphine se verra même offrir des bricolages faits par deux staffs. Chouette moment partagé et sourires échangés malgré la barrière frustrante de la langue. Heureusement que Luciano est présent pour traduire et nous aider à communiquer.



Quelques soirées se passent au rythme bien local. Nous avons la chance de passer un excellent moment chez un couple d’amis de Marie-France et Vale (leurs noms nous échappent). Ils sont si ravis de nous recevoir qu’ils se font un plaisir de sortir leur bateau à rame pour l’occasion ! Nous voilà donc tous embarqués pour un petit tour sur le fleuve à la force des bras. De quoi nous mettre en appétit pour des grillades accompagnées de quelques chants à la guitare.

Quelques jours plus tard, nous nous installons sur la petite terrasse du Subway sur les quais de Barreirinhas. C’est une première pour Delphine et Marie-France. La soirée est agréable et remplie de rires. Nous avons même l’occasion d’exercer notre maigre portugais en jouant tous ensemble : après avoir choisi une lettre et un thème, nous devons chacun notre tour trouver un mot de ce thème commençant par cette lettre. Celui qui n’en trouve pas dans le temps imparti à chaque joueur est éliminé. Très bons moments de convivialité.

A la fin du mois, nous dégustons à nouveau les bonnes pizzas du restaurant italien près de la place centrale lors d’une soirée en petit comité. Vale est invité (ainsi que tous ses collègues) par l’ancien Maire de la ville dans un restaurant chic sur les quais. Ne souhaitant pas les accompagner des le début de soirée, Marie-France, les garçons et nous décidons de nous rendre à cette pizzeria. Un peu plus tard seulement, nous finirons par rejoindre le Maire et son équipe dans ce fameux restaurant et jouerons au pendu avec Silvio et Luciano.



Ainsi passent les jours et les bons moments partagés. Noël approche et l’idée de se rendre tous ensemble dans le village d’Atins est soulevée. Il s’agit d’un village au bord de la mer à quelques heures d’ici. Sa particularité est plutôt charmante. Ses rues sont constituées de sable. Pour y circuler, il vaut mieux posséder 4x4 ! Atins a été victime de son succès ; il est passé d’un joli petit village reculé et calme à une destination touristique prisée par les surfeurs en recherche de bonnes vagues et d’un cadre authentique. Aux yeux de Marie-France et Vale, Atins n’est plus ce qu’il était mais on hâte de retourner y passer du temps pour se reposer. Ils contactent une connaissance à Vale tenant une Posada dans le village. Ni une ni deux, voilà notre réveillon organisé et passerons les fêtes de Noël à Atins !


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