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LA PAZ ET SA CORDILLERE ROYALE

Notre arrivée:


Le temps file et nous voilà déjà arrivés au Nord de la Bolivie à la Paz, la capitale politique du pays. Nous sommes en début de soirée en ce 23 septembre et avons enchaîné 8 heures de bus depuis Cochabamba. Nous avons suivi le super conseil de Marion, la Française rencontrée à notre auberge à Cochabamba, et avons téléchargé des livres sur notre smartphone. Le temps a pu ainsi passer un peu plus rapidement que normalement.

Nous arrivons à La Paz de nuit, le bus nous lâche au milieu de la rue près du terminal, prenons nos sacs et partons en direction du Bunkie, l’auberge que nous avions repérée sur internet un peu plus tôt. Accueillante, vintage et sympa, ce sera notre maison pendant quelques jours. Xavier ne se sentant à son tour pas très bien, nous optons pour une chambre double privée pour notre première nuit. Si vous avez vu les films d’Harry Potter, imaginez le placard sous l’escalier pour deux personnes, c’est notre chambre! Elle fera l’affaire pour la nuit. Mais nous changerons de chambre par la suite.

Nous nous installons rapidement et partons en ville à la recherche d’un petit restaurant, n’ayant pratiquement rien avalé de la journée. Nous trouvons une chouette pizzeria, nous nous installons, commandons une pizza Hawaii pour deux, et nos boissons. La pizza arrive une dizaine de minutes plus tard mais voilà qu’à la première bouchée Xavier ne se sent vraiment pas bien. Il me demande pour rentrer à l’auberge alors qu’on n’a à peine attaquer la pizza. Je fais signe à la serveuse et lui demande si nous pouvons payer en lui expliquant la situation. Elle nous propose directement de nous mettre la pizza dans un sac pour la manger plus tard. Nous acceptons et nous partons en direction de l’auberge.


Les premiers jours de visite:


Le lendemain matin, Xavier ne se sent toujours pas bien. Je déjeune seule, lui apporte son plateau qu’il ne touchera presque pas et le laisse se reposer. J’irai donc visiter la ville sans lui aujourd’hui, chacun son tour après tout. C’est autour des 11:00 que je me mets en route pour trouver une office du tourisme pour demander une carte et connaître les choses importantes à faire. Je demande mon chemin à une dame qui vient d’ouvrir son magasin et m’indique gentiment la route. Je tombe sur la place Murillo et trouve l’office de tourisme. Un gars très chaleureux prend un peu de son temps pour me montrer les monuments et les lieux touristiques sur la carte. Contente, je repars me promener et me perdre un peu. Je zigzague entre les voitures et les piétons, je descends, je monte. Je me repère avec la carte de la ville et arrive gentiment à me situer sans son aide. Je monte à la rue commerçante, lance des Holà, profite de faire quelques achats et me mets à la recherche du supermarché pour trouver à manger pour Xavier.


Je rentre à l’auberge en début d’après-midi. Je prends quelques heures pour bouquiner, me reposer et m’occuper un peu du blog. En fin de journée, je décide de me rendre au musée d’éthnographie et de folklore. Mais voilà, nous sommes samedi et le musée ferme à 16:30. Trop tard donc, j’aurai mieux fait de regarder les horaires avant! Je repars me promener dans les rues. La fin de journée se fait sentir et un soleil doux vient peindre les bâtiments de la place Murillo. Je profite de faire quelques photos et regarder les pigeons venir manger les grains de mais que les touristes leur offrent. Le soleil est presque couché, la nuit tombe et la ville redouble d’animation. Je rentre voir Xavier à l’auberge.


Je me rappelle à ce moment que Mathieu, le Français que nous avions rencontré à Salta, devrait normalement encore être à la Paz. En effet, il a trouvé du travail dans une auberge de jeunesses pour deux semaines. Je lui écris vite un message pour savoir s’il est disponible ce soir pour un verre avant qu’il reparte pour la suite de son voyage. Ni une ni deux, le voilà déjà à notre auberge pour prendre un verre au bar. Xavier se sentant un peu mieux se joint à nous et nous nous racontons nos aventures depuis que l’on s’est quitté à San Pedro de Atacama, il y a déjà un mois. Nos estomacs appellent et nous sortons à la recherche du souper. Nous trouvons un fast-food où nous mangeons des plats typiques boliviens. L’heure avance, Mathieu doit se lever le lendemain pour la descente à vélo de la route de la mort. Nous rentrons donc nous coucher.


Dimanche matin, j’ai le plaisir de voir Xavier en meilleure forme. Nous pouvons déjeuner ensemble et partir nous promener tous les deux en fin de matinée. Nous avions repéré le musée d’instruments de musique que nous voulions absolument voir. Nous arrivons un peu en avance sur son heure d’ouverture et profitons de nous promener dans le coin. Nous passons près d’un EMS avec plein de petits vieux trop adorables assis dehors à nourrir les pigeons. Nous prolongeons dans une petite rue toute colorée qui a du charme et poussons jusqu’au théâtre. Nous faisons demi tour et trouvons le musée ouvert avec une gérante qui parle même français. Que demander de plus. Nous découvrons émerveillés toute l’histoire des instruments de la Bolivie et de l’Amérique Latine. Nous pouvons même en essayer certains. Voilà que l’envie de faire de la musique nous prend. Ca nous manque. Nous passons deux heures à tourner dans ce musée sans en être rassasiés. La visite se termine et nous entendons nos estomacs nous parler et nous demander de bons empanadas!


Nous remontons dans la rue commerçante de l’autre côté de l’axe principal et trouvons de sympathiques magasins de musique. On s’y engouffre et observons non sans admiration les instruments faits mains. Les charangos, sorte de ukulélés à 5 cordes doubles, sont magnifiques. Ce sont des instruments bien typiques d’ici. On se demande vraiment comment on en joue, ne comprenant pas à quoi sert la 5ème corde! Après avoir fait plusieurs magasins, nous tombons sur un type super doué et très sympa qui nous explique comment en jouer et nous fait même une petite démonstration. Xavier se tourne vers une guitare qui nous a tapé dans l’oeil et le gérant nous explique les différents bois dont elle est composée. On se regarde, on se sourit. Nous l’avons appelée Alice et elle sera notre nouvelle compagne pour les 8 prochains mois de voyage.


Nous rentrons à l’auberge, Alice sur le dos. Xavier a le sourire jusqu’aux oreilles lorsque je la lui tends en lui annonçant que c’est son cadeau d’anniversaire un peu en avance. Nous nous installons à la salle commune et commandons à manger à la cuisinière.


Le lundi matin, Xavier ne se sentant à nouveau pas très en forme, je sors seule de l’auberge pour me rendre au mirador Kili Kili depuis lequel je me réjouissais de voir la vue sur la ville. Je prends la carte de la ville et suis les indications que le gars de l’office du tourisme m’avait données. Bien sur, sur la carte il n’y a aucune courbe de dénivellation. Je monte je monte je monte, et je transpire beaucoup trop à mon goût! (une vraie citerne diraient certaines personnes…). Le soleil tape et il fait chaud. Vingt-cinq minutes de marche plus tard, je trouve le mirador et suis impressionnée par la taille de cette ville. La Paz est construite en cuvette. Le centre, où nous nous trouvons est à 3600m d’altitude. Puis, la ville monte sur les hauteurs. Le sommet de la ville est à 4000m environ et s’appelle El Alto. Des téléphériques ont été construits pour faciliter l’accès entre El Alto et la Paz (centre). La vue à 360 degrés est magnifique. Au loin, j’aperçois la Vallée de la lune, de l’autre côté, le début de la cordillère royale. En voyant les montagnes, j’ai directement envie d’aller trekker. Je profite de la vue, je croise des gens qui parlent français, et je redescends par le même chemin emprunté qu’auparavant.


N’étant pas très loin de l’office de poste, je m’y rends pour leur demander le prix des envois pour l’Europe. Seulement deux mois de voyage et voilà que nous portons déjà plusieurs kilos de souvenirs et de cadeaux pour l’entourage. J’achète un carton au passage pour empaqueter tout cela, me trouve des empanadas sur la route et rentre à l’auberge raconter mes petites aventures à Xavier.


En arrivant à la Paz, Xavier avait en tête de gravir le Huyana Potosi, une montagne culminant à 6088m d’altitude. Mais ne se sentant pas très bien, il avait un peu mis cette idée de côté. Pour ma part, ayant vu ces montagnes depuis le mirador Kili Kili, je lui propose de nous rendre dans les agences de treks pour leur demander ce qu’ils proposent comme tour.

Nous nous rendons chez High Camp Lodge, dont nous avons lu de très bons commentaires sur internet, pour connaître leurs tarifs et les parcours. Nous sommes enchantés par un trek de trois jours se déroulant entre 4700 et 5350m. Trois jours de marche autour du Condoriri, une montagne imposante à 5648m. Nous nous disons que ce serait un bon test pour moi en terme d’altitude afin de voir si je supporte un peu mieux ces hauteurs qu’au Chili et que ce serait une bonne acclimatation pour Xavier s’il décide de faire le Huayna Potosi.

Nous payons alors la somme demandée (soit 140CHF par personne pour trois jours, tout compris), partons acheter des bâtons de marche dans un magasin de montagne et rentrons à l’auberge préparer nos affaires. Nous partons le lendemain à 7:00.


Le trek de trois jours :


Premier jour:


C’est mardi matin 27 septembre à 7:10 que notre guide, Ismaël, et le chauffeur viennent nous chercher à notre auberge. Nous avalons en quatrième vitesse un petit déjeuner sur le pouce et nous voilà dans la voiture, partis pour 3 jours de marche. Le guide se présente et nous dit en rigolant que l’agence l’a appelé la veille à 20:00 et qu’il avait compris que nous faisions l’ascension du Condoriri. Il avait donc pris avec lui toutes ses affaires d’alpinisme. Nous lui disons nous aussi en rigolant que nous n’avons opté que pour trois jours de treks. Après avoir fait quelques arrêts en ville pour récupérer toute la nourriture pour les trois jours, nous passons chez lui poser ses affaires d’Alpinisme.

Deux heures de route plus tard, nous voilà arrivés dans un minuscule village (en fait, trois maisons) perdu au milieu de la cordillère. Notre point de départ est là. Nous vidons le coffre et la voiture repart, nous laissant tous les trois. Petit moment de stress pour le guide qui ne voit les mules nulle part. Elles sont chargées de porter tout l’équipement de cuisine et de camping aux endroits où nous dormirons. Nous attendons 15 minutes et les voilà qui arrivent très gentiment. Nous laissons les affaires que nous ne porterons pas et entamons notre marche.


Nos pieds nous démangent et on est trop content de pouvoir prendre part à ce trek, dans un décor, il faut le dire, plus que magnifique. Et ce n’est que le début! Personne ne nous a menti en nous parlant de la Bolivie comme étant le pays ayant des paysages sublimes pour treker. On monte 45 minutes et nous voilà déjà à notre lieu de campement de ce soir. Quelques maisons installées à côté de la Laguna Chiar Khota. Nous faisons une petite pause, déposons nos sacs et continuons le programme de la journée. Nous partons pour le Pico Austria à 5350m. Sans sac, c’est quand même plus facile! Nous entamons la montée qui ne s’arrêtera qu’au sommet. Un terrain plutôt facile pour commencer puis qui se compliquera un peu à cause d’un énorme pierrier. Nous dépassons deux Français venus gravir le Pico Austria pour la journée. Ils ne sont que peu acclimatés à l’altitude et galèrent déjà avec leur respiration. On les encourage comme on peut et nous nous retrouvons plus haut pour partager le dîner. On trouve des Brésiliens déjà installés là où nous nous arrêtons. Nous nous installons à l’abri du vent et Ismaël nous tend deux énormes bols remplis de riz, pois chiches, légumes. Beaucoup trop bon. Nous admirons la vue ainsi que l’arrivée d’un oiseau typique de Bolivie, l’Araçari de Maria.


Nos estomacs remplis, Ismaël nous montre la trajectoire de notre marche. Nous devons à présent monter dans cet énorme pierrier jusqu’au col à 5000m. Nos pieds prennent chacun le rythme le mieux adapté, le souffle prend sa cadence. Nous rattrapons les Brésiliens qui étaient partis 20 minutes plus tôt et nous atteignons le col plus vite que prévu. La vue est spectaculaire. Le Condoriri s’étend devant nos yeux et nous épate. Nous reprenons notre souffle et regardons les 350m restants à gravir pour atteindre le sommet du Pico Austria.


Nous nous armons de courage et repartons d’un pas décidé. Ismaël et Xavier marchent d’un bon pas. Je suis derrière, je sens que nous avons dépassé les 5000m, mon souffle se raccourcit et je dois faire des plus petits pas si je veux arriver au sommet. Ils m’attendent dans une combe où la vue est imprenable sur l’autre côté du Pico. Je m’assieds près d’eux, tire la langue et reste sans voix devant ce décor. Nous voyons au premier plan la Laguna Juri Khota et en arrière plan le Lac Titicaca. Une météo capricieuse nous offre un spectacle fabuleux. Le ciel du côté d’où nous venons est d’un bleu éclatant et face à nous, la pluie et l’orage font rage. Nous sommes bien sur notre rocher, à l’écart de la pluie. On espère qu’elle ne va pas s’approcher de nous trop vite et qu’elle nous laissera le temps de redescendre.



Nous nous relevons et entamons l’ultime montée pour atteindre le sommet. Cinq minutes plus tard, nous voilà nous aussi culminant à 5350m. La vue n’a rarement été aussi belle. Quelques minutes plus tard, le Français rencontré plus bas nous rejoint. Sa copine a abandonné au col. Nous restons là quelques minutes puis nous entamons déjà la redescente. Il ne nous faut pas plus d’une heure et demi pour rejoindre le campement.



Nous découvrons, en arrivant, qu’un groupe de 6 Français campera ici cette nuit aussi. Nous montons la tente à côté des maisons derrière un mur de pierres en espérant qu’il nous protègera un peu du vent cette nuit. La tente prête à l’emploi, nous retournons dans la petite maison manger des biscuits et boire du thé chaud avec Ismaël. Après un chouette moment de discussion et de rire, nous rejoignons les 6 Français pour partager nos récits de voyage et jouer en attendant l’heure du souper.

A 19:00, Ismaël nous appelle pour le souper et nous voilà à nouveau tous les trois pour manger. Le repas est à nouveau plus que bon. Nous nous croyons à l’hôtel 5 étoiles façon rustique. Il nous donne un bol rempli de poulet, de purée et de légumes. On se régale. On aime beaucoup ce temps privilégié avec lui. Cela nous permet de parler de choses plus profondes (oui oui, toujours en espagnol!), de la vie en Bolivie, de la vie en Suisse, de son couple, de la montagne. Chouettes moments partagés. Le repas terminé et la nuit tombée, nous retrouvons notre tente pour une bonne nuit de sommeil.



Second jour:


Le réveil aurait dû nous réveiller à 7:00 mais la lumière du jour vient le faire en avance. C’est donc à 6:15 que nous sommes debout à admirer la lagune dominée par le Condoriri. On profite d’un peu de temps pour nous approcher de la lagune et de faire quelques pas plus loin. On retrouve Jérémy, un des 6 Français. On se raconte nos nuits respectives et nous dirigeons finalement vers le petit déjeuner. Ismaël avait déjà tout préparé. Nous n’avions plus qu’à nous installer et à manger. Fruits, yogourt, céréales, pains, confiture,… Hôtel 5 étoiles, on vous disait! Le temps passe vite, une fois le petit déjeuner terminé, nous sortons plier la tente et préparer nos sacs. Nous laissons mon sac aux mules et à 8:30 nous partons pour notre seconde journée de marche.


Nous voyons au loin le groupe des 6 Français, partis un peu avant nous. Ismaël nous dit qu’aujourd’hui nous aurons environ 6 à 7 heures de marche et deux cols à franchir. Nous attaquons nous aussi le flanc de la montagne et nous dirigeons vers ce premier col à 5000m. Nous rattrapons les 6 Français et continuons notre marche progressive et régulière. Une heure plus tard, nous voilà déjà arrivés au col nous donnant un aperçu sur l’autre côté de la vallée. On fait une pause pour admirer la vue et faire quelques photos, puis il est l’heure des adieux. Nous disons au revoir aux 6 Français avec qui nous nous étions bien entendus la veille pour continuer notre trek jusqu’au second col. Les Français, eux, rentrerons aujourd’hui à la Paz par un autre chemin que le nôtre.


La descente est rapide, elle demande moins de souffle et d’effort que la montée. En revanche, l’acclimatation au changement d’altitude se fait aussi moins rapidement et un mal de tête vient se glisser dans mon crâne. Une heure plus loin nous voilà déjà arrivés au pied du second col. Nous nous octroyons un bon quart d’heure de pause avant d’attaquer le second col. Nous profitons du paysage, des lamas et de la météo clémente, puis nous nous remettons en route.



Le terrain est un peu plus difficile qu’au début. Il nécessite une certaine attention pour ne pas glisser et dégringoler. Nous traversons le flanc de la montagne tout en admirant la vue sur le lac Tuni. Nous continuons de grimper puis Ismaël s’arrête et s’installe parterre. Il nous lance un « vamos a comer aqua ». Il n’est que 11:30 et nous nous installons pour dîner. Nous avons marcher 3 heures jusqu’ici et le guide est content de notre avancée. Il est tellement content qu’il nous accorde 1 heure de pause. On mange comme des rois, on se repose, on admire la vue, on se dit qu’on a vraiment trop de chance d’être ici… puis à 12:30 nous repartons. Nous lui demandons où se trouve le second col et nous dit en se marrant que nous venions de le franchir! Bon bah… c’est une bonne chose de faite! Plus que la partie facile maintenant.


Nous entamons une descente d’une heure dans un terrain facile mais sans chemin. Nous remarquons un changement de paysage. Des cours d’eaux prennent place, nous pouvons admirer le Huyana Potosi sous un autre angle, nous dévisageons les alpacas et les lamas. Cette nature nous plaît et fait du bien. Le calme est omniprésent. On se sent seul, loin du bruit de la civilisation. C’est tout ce qu’on aime.


Nous voilà maintenant au fond de la vallée et il faut remonter un bout en direction du campement. Nous longeons la route d’accès en espérant que le campement ne soit pas trop loin. On sent la fatigue monter progressivement dans nos jambes. Heureusement nous atteignons le campement seulement 30 minutes plus tard. Le guide nous demande l’heure. Il est 14:30 et nous lance un « Buen ritmo! » . Nous posons nos sacs, mangeons des biscuits et sommes bien contents d’être arrivés.

Après une heure de flemme totale, nous décidons finalement de profiter du beau temps encore présent pour monter la tente. On s’y installe pour nous reposer et bouquiner. Quand le soleil finit par gentiment descendre, nous décidons de sortir voir les belles couleurs qu’il procurait aux montagnes. Nous nous dirigeons vers les quelques flaques d’eau et petites lagunes du terrain proche du campement pour admirer un magnifique reflet du Huayna Potosi. Une fois le soleil passé derrière les montagnes, Ismaël nous appelle, le souper est prêt.


Ce soir, c’est encore une fois le grand luxe. Nous avons droit à des truites pêchées dans la lagune de la veille, des frites et du riz. Que du bonheur. Nous partageons notre table avec deux autres Français (oui une vraie invasion!) arrivés plus tard au campement et qui font le même trek que nous. Nous partageons un bon moment de convivialité et une fois le repas terminé, chacun rejoint sa tente.


Troisième jour:


Le réveil se fait à 7:00 dans l’humidité. Nous constatons que la tente a gelé pendant la nuit et qu’une sacré couche d’humidité s’est installée à l’intérieur. Pas étonnant qu’on ait eu froid pendant la nuit. Nous sortons pour constater l’état de la tente. On espère qu’on pourra la faire sécher avant de repartir. Nous la déplaçons au soleil et partons déjeuner.

Nous ressortons pour nous occuper de nos affaires. La tente a du mal à sécher, les matelas sont remplis d’humidité, les sacs de couchage pareil. On fait de notre mieux pour faire sécher cela rapidement. On finit par ranger les sacs de couchage et les matelas en laissant la tente sécher. Tant qu’Ismael ne nous stresse pas, on prend notre temps. L’heure fatidique arrive et nous devons tout plier. Tant pis, on remontera la tente à l’auberge pour la faire mieux sécher. A 8:30, nous nous remettons en marche pour cette dernière journée. Aujourd’hui, nous ne franchirons qu’un seul col à 5000m et ne marcherons qu’une heure et demi. La montée est plus raide et dans un terrain moins évident, le chemin est moins clair. On attaque la montagne sans faire de détour. Nous atteignons le col plus vite que pensé et nous demandons au guide si nous pouvons grimpé encore sur le petit sommet qui nous faisait de l’oeil un peu plus haut. Ayant un peu d’avance, le guide accepte et nous voilà admirant la vue une dernière fois.


La voiture nous attend en bas pour nous ramener à la Paz. Nous retrouvons le même chauffeur qu’il y a trois jour, content de nous revoir. Nous montons à bord, il démarre et deux heures plus tard nous voilà dans une ville à nouveau bruyante et polluée. On était bien là-haut. Le chauffeur nous dépose à l’agence, nous disons au revoir à Ismaël et marchons 15 minutes jusqu’à l’auberge, contents de trouver un vrai lit et une douche chaude.


Après une grosse heure de flemme, rangement et douche, nous ressortons de l’auberge pour nous chercher à dîner. Une fois notre estomac calmé, nous partons à la recherche d’une laverie pour y donner nos vêtements de ces trois derniers jours. Nous errons dans les rues et retournons à l’auberge nous reposer. Quelques heures plus tard, nous nous remettons en route en direction d’un restaurant que nous avions repéré. On va se faire le luxe de manger une fondue! On pense que c’est bien mérité après ces trois jours de marche intensive. Nous avons trouvé sur internet de bons commentaires sur le SwissFondue, restaurant tenu par un Fribourgeois expatrié en Bolivie depuis 10 ans. La décoration est super chouette, douce, fine et chaleureuse. Une photo du Cervin orne le mur, un vrai plaisir. Nous rencontrons d’autres Suisses qui viennent d’Yverdon. Nous commandons notre fondue et sommes surpris par la qualité du fromage. On se croirait chez nous. Moment hors du temps pendant quelques heures. Estomacs plein à craquer, il est temps de retrouver notre vie locale et se fondre dans le bruit de La Paz et de retrouver notre auberge.


Le lendemain est une journée calme et de repos. Suite au trek du Condoriri et aux bons commentaires des guides, Xavier décide de tenter l'ascension du Huyana Potosi, montagne réputée pour être l'un des 6000m les plus facile à gravir. Nous allons donc réserver avec la même agence. Le départ sera le lendemain.



L'ascension du Huayna Potosi :


Le rendez-vous du premier jour est donné a 9h00 à l’agence. Je vide mon gros sac à dos de 60 litres de son contenu pour n’en prendre que le minimum. Des habits chauds, mon sac de couchage, ma lampe frontale et de l’eau. Le reste est superflu. A l’agence, je rencontre mes compagnons d’ascension. Il s’agit de deux couples : franco-polonais ainsi que polonais-polonais. A mon grand bonheur, seul l’une des polonaise ne parle pas français. On parlera donc dans un anglais-français-polonais entre nous… et espagnol avec nos guides ! Sans tarder, nous montons dans un minibus et nous partons pour quelques 2 heures de route, puis de piste. Le chemin pris est le même que celui du retour du trek du Condoriri, sauf que la route continue de monter un dernier quart d’heure plus haut, jusqu’à la fin de la route. Le point de chute est « La Casa Blanca », le premier campement de base, à 4700m. Nous y mangeons notre repas du midi avec d’autres touristes partis avec la même agence, mais pour le tour de 3 jours. Il y a beaucoup d’excitation dans l’air. Pour notre part, nous allons tenter de gravir la montagne cette nuit. Pour eux, cela sera la nuit d’après. Ils vont déjà passer cette première journée sur le glacier, non loin de là pour s’acclimater et s’entrainer avec l’équipement. A peine le repas terminé, les guides nous pressent de faire nos sacs. En effet, le mien qui était vide sera très vite plein… trop plein. On y place tout le matériel prêté par l’agence. A savoir piolet, crampons, baudrier, casque, habits de neige, polaire, guêtres, chaussures de neige, pantalon en polaire, … Je croche encore sur mon sac, le sac de couchage d’une polonaise qui n’a plus de place sur le sien, et on est reparti !


La montée n’est pas très difficile et le chemin est bien tracé. Nous progressons à un bon rythme malgré nos sacs d’une vingtaine de kilos. Après une petite heure de marche, nous arrivons à un point de contrôle où nous devons nous acquitter d’une petite taxe de 10 bolivianos pour gravir la montagne. On signe le registre et on repart encore une fois. Nous sentons l’altitude, le poids de nos sacs et du coup notre souffle se raccourcit ! Il nous faut encore une heure de marche avant d’arriver au « Campement Alto », 5200m d’altitude. C’est ici que nous passerons la nuit. Nous sommes contents d’arriver car la météo n’a cessé de se gâter depuis notre départ. Le ciel s’est couvert, le vent s’est levé et la neige commence à tomber. On s’engouffre sans hésiter dans le baraquement bien chaud. Nous trouvons un grand dortoir-réfectoire vide. Celui-là ne sera que pour nous, tous les autres montagnards du jour dormiront dans le second baraquement, une centaine de mètre en dessous. Les guides nous apportent du thé chaud de coca et des biscuits. Il est 15h30 et cette petite collation nous fait du bien et nous réchauffe. Mais comme de gentils enfants et surtout conscients de la courte nuit qui nous attend, nous nous mettons tous, sans exception, à la sieste, afin d’emmagasiner quelques heures de sommeil en avance. Dehors, on ne voit pas à 2 mètres, la montagne a la tête dans les nuages.


A 17h, il fait presque nuit et nous sommes réveillés pour le repas. Soupe aux légumes, purée de pomme de terre et poulet, avec du thé de coca encore, pour mieux vaincre l’altitude. C’est l’heure du briefing : nous avons 3 guides, et nous serons donc 3 cordées. Les deux couples seront ensemble et j’aurai pour ma part un guide rien que pour moi. Il s’appelle Mario et doit avoir la 50aine. Il n’est guère très expressif ni très causant, mais je verrai vite que la montagne n’a plus aucun secret pour lui. Il m’expliquera même plus tard que durant la haute saison, il gravit le Huyana Potosí une fois part semaine ! Nous questionnons encore nos guides concernant la météo qui nous semble bien capricieuse. Internet se montre rassurant, la tempête va se calmer dans la première partie de la nuit et ils annoncent même du soleil pour le lendemain matin. Sans plus tarder, nous réglons nos réveils pour minuit. Nous partirons à 1 heure du matin, pour environ 6 heures d’ascension, en espérant arriver au sommet, à 6088m, pour le lever du soleil. Le sommeil peine a venir (il n’est que 18heures !) et l’appréhension est grande. Nous nous retournons tous plus d’une fois avant de trouver le sommeil.


Le réveil sonne « tu-tu-tu tu-tu-tu », et nous voilà debout. Tout le monde semble en forme et sans maux de tête. C’est déjà un bon signe. Les deux autres gars tentent de rassurer leur copine qui sentent la pression monter. Pour ma part, je pense à ma douce qui doit probablement faire de beaux rêves à l’heure qu'il est. Pas de temps à perdre, nous avons une heure pour nous habiller, préparer nos sacs, déjeuner, ajuster nos casques et nous mettre en route. Nous nous préparons méticuleusement, il n’est pas question de devoir relasser nos chaussures en route, ou d’oublier de changer les piles de notre lampe frontale avant de partir. Comme disent les guides, « A la montagne, ton matériel, c’est ta vie ». Il est une heure, nous avalons en vitesse quelques tranches de pain et un maté de coca bien chaud avant de nous enfoncer dans la nuit. Nos guides sont prêts également et nous les suivons à la lueur de nos lampes frontales. Le sol est couvert d’une fine couche de neige blanche. Nous marchons 100 mètres avant d’arriver au pied de quelques gros rochers. Nous nous encordons à nos guides respectifs avant de repartir. Pour nous aider, plusieurs cordes fixes ont été mises en place pour se tenir et grimper cette première difficulté. Le sol est glissant et l’on prend notre temps pour ne pas repartir en arrière de plusieurs mètres. Le chemin redevient plus facile et nous continuons notre ascension au travers d’un pierrier. Devant et dernière nous, dans la nuit noire, on aperçoit d’autres lumières de frontales. Environ 15 minutes plus tard, nous rejoignons un groupe arrêté au pied du glacier. Il est temps de mettre les crampons, la suite de la montée se fera dans la glace et la neige. Le guide me montre rapidement comment fixer ceux-ci sur mes chaussures. Pas évident, à régler dans la nuit et dans le froid! Nous repartons sans tarder, un piolet dans une main et un bâton dans l’autre.


On avance pas à pas, en file indienne, lentement mais sûrement. La ligne se forme au rythme du plus lent. De temps à autre, nous dépassons une cordée qui s’arrête. Rapidement nous mettons un peu de distance avec les quatre autres alpinistes du jour. Nous traversons un glacier relativement irrégulier. Plusieurs crevasses sont à franchir d’un grand pas. Je suis le rythme de mon guide, j’ai chaud, très chaud. Nous faisons une pause durant laquelle j’enlève quelques couches et bois quelques gorgées de thé chaud que le guide me tend. Au moment de repartir, mes amis franco-polonais nous rejoignent. L’ascension est plus difficile pour eux, mais leurs guides se montrent optimistes. Le chemin continue, pas après pas, heures après heures, respirations après respirations. Nous arrivons devant un petit couloir d’une trentaine de mètres. Il nous faut utiliser le piolet pour de bon cette fois-ci. La neige tombée la veille n’aide pas, il faut bien dégager la glace avant de pouvoir planter son crampon et assurer son pied. Et on grimpe, sans regarder en arrière. L’effort est difficile, car l’oxygène manque toujours plus. Les muscles font mal. La concentration est à son maximum, pour assurer chacun de ses pas. L’arrivée sur le plat est synonyme de délivrance, mes muscles n’en peuvent plus et j’ai l’impression d’avoir piqué un sprint sur 50 mètres. Une barre de chocolat plus tard, mon guide m’annonce qu’il nous faut continuer, qu’il nous reste encore 2 heures de marche. Je n’arrive pas à le croire, j’aurais espéré 30 minutes ! Je m’arme de courage et nous repartons. Nous rattrapons une cordée avec laquelle je partagerai la prochaine pause. Il s’agit d’une Autrichienne et de son guide. Les pauses se font de plus en plus fréquentes et l’effort de plus en plus difficile. Le terrain n’est pas technique, il s’agit juste de marcher, et c’est pourtant si dur !

Nous dépassons l’Autrichienne, et je remarque à ce moment là qu’il n’y a plus de traces, ni de lumière devant nous. Le guide m’annonce que nous arrivons sur la dernière partie du glacier, plus raide et à nouveau un peu plus technique. Les pauses s’intensifient encore plus. Impossible de garder mon rythme cardiaque a une fréquence normale. Reprendre mon souffle n’est même plus envisageable. Mes jambes manquent de force à cause du manque d’oxygène. Cette fois-ci, c’est presque tous les trois mètres qu’une pause s’impose ! Mon guide me tire vers l’avant, et la corde qui me relie à lui se tend de plus en plus. Le soleil se lève dans une mer de brouillard et j’en profite pour faire quelques photos. Le décor est à couper le souffle. L’Autrichienne avance au même rythme et nous nous dépassons chacun notre tour en fonction de nos fréquentes haltes. Nous arriverons ensemble les premiers au sommet. Il est 5 heure 30 du matin et la vue à 360° est imprenable et indescriptible. La lumière du matin laisse apercevoir la lente ascension de la nuit. Je repense à la phrase écrire contre un mur du campement Alto que j’ai pu lire ce matin : « Low on Oxygen, High on Life ».



Après un petit thé chaud (comprendre maté de coca) et quelques biscuits, il est temps de penser à la redescente. Je croise en chemin, sur la dernière partie les deux couples franco-polonais et leurs guides qui arrivent gentiment au sommet. Je leur lance quelques encouragements avant de continuer notre route. Les muscles sont engourdis et il faut se concentrer car la première partie est raide. Nous retrouvons la section plate et marchons à un bon rythme. La descente se fera trop rapidement pour moi, un mal de crâne viendra me prendre la tête. Pas le choix, il faut continuer. Malgré la nausée j’essaie de prendre quelques photos et de profiter du paysage ! C’est magnifique, j’en reste sans voix. On fera plus de pauses à la descente qu’à la montée. Le guide m’encourage, un lit chaud m’attendra au refuge en attendant les autres. Je me motive et nous arrivons à campement Alto. Il est 9h00 du matin et je me glisse dans mon sac de couchage pour reprendre ma nuit. Les autres arrivent une petite heure plus tard. Toute l’équipe est arrivée au sommet. Fiers de nous, nous échangeons nos impressions et rempaquetons nos sacs pour la dernière descente jusqu’à la voiture. Celle-ci nous ramènera à La Paz, où je retrouve Delphine à 14h30.


Je lui raconte mon aventure avant de retourner me coucher un moment. Le soir nous allons manger une pizza. Pas n’importe quelle pizza, celle que je n’ai pas pu toucher lors de notre première soirée à La Paz. On se régale et allons nous coucher sans tarder. Le lendemain matin nous repartons en direction de la fameuse Copacabana, du Lac Titicaca et son Isla del Sol.



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