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LA VALLEE SACRÉE DES INCAS

Nous aurions aimé faire la grasse matinée mais la lumière filtre à travers les volets et nous voilà réveillés avant 8 heures. Notre journée de repos commence tôt ! Nous nous levons et allons déjeuner. Il n’y a pas grand monde dans cette auberge et on trouve notre place favorite disponible à la salle à manger. On prend la matinée pour trier quelques photos, écrire un peu le blog qui prend du retard, aller chercher nos habits à la laverie, se reposer, regarder un film, faire un petit skype avec le papa à Xavier. Tout tranquillement, le temps passe et en début d’après-midi, on décide d’aller à la Bohème, une crêperie que Maude nous avait recommandé lors de notre rencontre à Cochabamba. Elle a été ouverte il y a trois ans par des Français expatriés. On se réjouit de manger des bonnes crêpes. Mais voilà, le lundi c’est fermé ! Vraiment pas de bol. On erre dans les rues de San Blas et on entre dans un petit restaurant vide et tout typique, on demande si la cuisine est toujours ouverte et la dame nous dit que oui. On se doute bien que ce n’est pas vrai mais c’est pas grave, nous ne sommes pas pressés ! A peine notre repas commandé, nous voyons la dame sortir pendant quinze minutes avant de revenir avec un sac rempli de provisions. C’est comme ça ici, quand tu commandes quelque chose, souvent ils vont faire les courses à la supérette du coin avant de cuisiner ! On attend une heure avant de recevoir nos plats. Ils sont absolument délicieux, une cuisine familiale. Xavier découvre l’Adobo (un ragout de porc mariné dans une boisson locale faite à base de maïs, appelée Chicha) et moi un Aji de Gallina (blanc de poulet déchiqueté dans une sauce à base de pain, de lait, de piment, d’ail et d’oignons). La dame vit avec ses enfants dans cette maison, on les entend jouer à l’étage. On aime cette atmosphère authentique.


Dans les rues de Cusco, nous aurons eu l’occasion d’assister à de nombreuses processions. Le Saint de l’église est sorti dans la rue et tout un cortège est formé à sa suite. Aujourd’hui encore nous nous retrouvons à assister à l’un de ces défilés. L’ambiance est festive et les costumes sont beaux.



C’est en fin de journée que nous nous dirigeons vers l’auberge pour préparer les deux prochaines journées. On aimerait se rendre dans la Vallée Sacrée par nos propres moyens et non avec un tour touristique comme le propose toutes les agences de Cusco. Il faut donc nous renseigner sur Internet pour connaître les lieux, les distances faisables à pieds, les endroits où descendre des bus. Pas compliqué, mais cela prend du temps à organiser. Le plan est de nous rendre dans un premier temps aux Salineras à pied puis à Moray, un site de cultures circulaires incas. Ensuite, nous aimerions utiliser notre billet touristique acheté à Ollantaytambo pour visiter d’autres sites archéologiques : Chinchero, Pisaq, et d’autres en dessus de Cusco.


Première journée dans la Vallée Sacrée :


Nous partons tôt le matin à l’arrêt de bus en direction de Urubamba. On prend notre ticket et on précise au type que nous voulons descendre un peu après Urubamba pour partir à pied jusqu’aux Salineras. Il a l’air de savoir de quoi on parle, nous ne sommes sûrement pas les premiers touristes à vouloir faire ça. Le bus démarre et nous n’avons plus qu’à regarder le paysage. Au bout d’une heure, le gars nous dit que nous sommes arrivés. Surpris, on regarde maps.me et effectivement nous ne sommes pas au bon endroit. On lui explique et il nous dit que pour nous rendre à Moray et aux Salineras dans la même journée et à pied, il est plus facile de partir depuis ici. On lui fait confiance et nous descendons du bus. Nous ne sommes pas très loin du village de Maras, à mi-chemin entre Moray et les Salineras. Un van nous prend pour 1 sol chacun et nous emmène jusqu’au village, 4 km plus loin.


Nous démarrons notre randonnée depuis le village et décidons de prendre les petits chemins plutôt que la route normale. Nous suivons un chemin en terre rouge au milieu des champs. Le paysage est encore une fois très beau. Xavier, le guide GPS, me dit qu’il faut couper à gauche. On monte et on arrive au milieu des champs, sans plus une route à l’horizon. Puisque maps.me l’accompagne, je ne bronche pas et le suis. On parcourt tous ces champs cultivés par les paysans du coin et on finit par tomber sur un fermier en train de prendre soin de son terrain. Il nous demande d’où on vient et où on va, il nous fait la conversation pendant dix minutes et nous indique le chemin pour aller à Moray en nous confirmant qu’il y a une route un peu plus loin. On s’y dirige et trouvons ladite route. Nous nous arrêtons pour manger nos barres de céréales, Moray n’est pas encore tout près et notre estomac grogne déjà. Nous continuons de marcher en refaisant le monde et en s’émerveillant d’être là. Le terrain rend la marche facile et pour une fois, c’est agréable de ne pas lutter lors d’une randonnée. Nous avons troqué nos gros sacs (restés à l’auberge à Cusco) contre nos petits sacs, ce qui est tout autant agréable.

Une heure et demi plus tard, nous voilà arrivés sur le site de Moray où nous découvrons des anciennes cultures en terrasses incas construites de manière circulaire et concentrique. En fait, il s’agit d’un ancien centre de recherche agricole incas. Le principe de ces constructions est le suivant : la position de chaque terrasse crée une série de microclimats différents. Le principe est que la température change de quelques degrés selon les terrasses. Elle est plus élevée au centre de la culture et diminue sur les cercles extérieurs en fonction de la distance de chaque terrasse. Ce « laboratoire » plutôt pratique leur permettait de simuler une vingtaine de microclimats différents au même endroit afin de connaitre les conditions optimales pour cultiver chaque plante. Plus de 250 espèces de plantes étaient cultivées ici.



Les touristes ne sont pas encore arrivés et on démarre notre visite dans le calme et sans bousculade. Nous découvrons un premier champ assez grand. Nous n’avions encore jamais vu de telles constructions. On poursuit sur le chemin et on découvre un deuxième champ en contre-bas du premier. Les cercles s’emboitent et vu d’ici, on dirait des Crop Circles. Le site est merveilleusement bien conservé et entretenu. Chaque pierre a été remise à sa place d’origine. Les flèches nous indiquent une autre culture plus haut, encore une fois un cercle construit en escaliers se montre à nous. On aime toujours autant les marches pour passer de terrasses en terrasses : des pierres plantées dans le mur. Pour être authentique, ça l’est ! Ici, les terrasses se trouvent être moins remises à neuf, mais on reste impressionné par la bonne conservation de l’endroit malgré les centaines d’années qui nous sépare de la civilisation inca.


On redescend et faisons le tour de la culture du bas. Nous n’avons plus la même vue et cela devient moins impressionnant vu depuis là. On reste toutefois sous le charme de l’endroit qui a quelque chose de magique avec ses courbes et ses cercles presque hypnotisants.


La visite de ce site ne prend pas plus de quarante-cinq minutes aux tours touristiques, mais nous prenons notre temps et passons plus d’une heure à gambader là-dedans. Nous profitons d’une petite représentation de musique indienne avant d’aller manger nos sandwichs.



En début d’après-midi, nous nous remettons en marche en direction de Maras pour aller aux salines. Il n’y a pas de route reliant Moray et les Salineras et cela nous force à repasser par le village. Cette fois-ci, nous empruntons la route normale et nous y arrivons en seulement une heure. On en profite pour visiter quelques ruelles et la place centrale, puis reprenons le chemin en direction des salines. Ça va bien, ce n’est que de la descente. La pluie essaie de nous faire peur au loin, mais on voit bien qu’elle n’est pas assez proche pour nous affoler. Seules quelques gouttes viennent nous rafraîchir, mais c’est tout. Quarante-cinq minutes plus tard, nous avons la première vue sur les salines. Elles se trouvent au fond de la vallée, dans une cuvette. Le soleil est en train de se coucher et donne une lumière superbe aux terrasses de sel. La montagne est rouge et les salines blanches. Le contraste est magnifique.


On se dépêche de descendre pour profiter de la lumière orangée lors de la visite du site. Ce n’est pas un désert de sel, bien au contraire. Plus de 3600 bassins sont construits en escaliers et irrigués par la rivière dont l’eau est salée. Lorsque l’eau retenue dans le bassin s’évapore, le sel peut alors être récolté. La construction date de l’époque pré-inca et est toujours en activité aujourd’hui. On voit des gens travailler sur certaine terrasse. Ils récoltent le sel en raclant le fond des bassins secs, puis en formant de beaux cônes blancs. Il sera ensuite mis dans des sacs pour la vente dans les différentes régions péruviennes éloignées de la mer. On se promène sur les terrasses et on les traverse en longueur. On joue aux équilibristes et passons d’un mur à l’autre en faisant de notre mieux pour ne pas poser les pieds dans les bassins. Tout un système de petits canaux parcourt le site afin de remplir les différents bassins. Le clapotis de l’eau est calme et reposant. C’est si différent de tous les sites incas que l’on a vu jusqu’à maintenant. Ça change et ça fait du bien, cette visite vaut la peine. Le soleil passe derrière la montagne, il est temps de poursuivre notre chemin.


Les salines étant dans une cuvette et n’étant pas desservies par les bus, la seule manière d’en repartir est de remonter à pied ou de demander à un taxi. Vu l’heure qu’il est et le temps qu’il faut pour tout remonter, la marche n’est rapidement plus une option. Un conducteur de taxi attendant ses touristes en visite nous propose de nous pousser jusqu’à l’intersection où le bus nous a déposé le matin. On négocie sec le prix du taxi car on le trouve très cher pour la courte distance qu’il y a à faire. Il finit par baisser le prix et nous montons à bord. Deux choix s’offrent à présent à nous, retourner en arrière et visiter les ruines incas à Chinchero puis y passer la nuit ou aller à Urubamba pour nous rapprocher de Pisaq, la visite du lendemain. Dans tous les cas, nous attendons le bus peu importe la direction dans laquelle nous irons.

Le bus n’a pas le temps d’arriver qu’un taxi, parti en même temps que nous des salines, nous proposent de nous prendre jusqu’à Chinchero. Sa voiture est pleine et nous met dans le coffre. Au moins, on aura vraiment pas payer cher le trajet !


Quelques dizaines de kilomètres plus loin, le taxi nous dépose devant l’entrée du site archéologique de Chinchero. La place est ravissante, pavée et des enfants jouent en attendant leur maman entrain de vendre leur artisanat. On grimpe la ruelle pavée et entourée de maisons toutes simples en briques d’adobe (mélange de terre et de paille). Les boutiques souvenirs se succèdent, et nous traversons une belle arche blanche donnant sur le vieux centre. Devant nous une belle place centrale pavée envahie par des dames de tout âge vêtues d’habits traditionnels vendent toute sorte de choses pour les touristes. En arrière-plan, une belle l’église blanche de type coloniale construite par les espagnols lors de la colonisation. La lumière de fin de journée rend la façade du bâtiment très belle. On peut rester perplexe quant aux traces de la civilisation inca sur ce lieu, et pourtant, c’est bien présent. En effet, ici les espagnols ont simplement reconstruit l’église par-dessus les anciens bâtiments incas. Les fondations sont donc d’origine et on le remarque bien à la forme des pierres. On traverse la place et nous visitons l’église. L’intérieur sombre et crasseux contraste avec les beaux murs blancs de l’extérieur. On ne s’y attarde pas. On ressort et on se dirige vers les cultures en terrasses. Encore une fois, c’est grand et impressionnant. On flâne parmi les pierres et observons un moment les ouvriers occupés à la restauration de celle-ci. On imagine le travail de titan pour retrouver la place de chaque pierre ! Finalement, le soleil commence à se coucher et nous redescendons en flânant dans les ruelles à la recherche d’un hébergement pour la nuit. Il n’y a pas d’auberge de jeunesse dans le coin alors nous nous dirigeons vers un Hospedaje, un hôtel chez l’habitant. Le gars nous propose une chambre à un prix astronomique, plus élevé qu’à Cusco. Il est malin ; les touristes ne sont pas légion à vouloir venir dormir ici, et quand il y en a, il essaie d’en profiter. On négocie et lui demandons une chambre abordable pour notre porte-monnaie. Nous nous retrouvons finalement seuls dans une immense pièce de sept lits, mais avec les WCs dans le couloir. Parfait.



Deuxième journée dans la Vallée Sacrée :


Ce matin, on s’octroie une grasse matinée. On se lève à neuf heures, on fait nos sacs, on laisse la clé sur la porte et on sort. On guigne dans deux petites épiceries, on achète du pain et des tranches de gâteau au chocolat pour notre petit déjeuner que l’on prendra plus tard. Comme nous ne savons absolument pas à quelle heure passe le bus, nous nous dépêchons d’aller sur la route principale pour l’attendre. Une fois n’est pas coutume, nous n’attendons même pas deux minutes avant qu’un taxi ne nous klaxonne et ne s’arrête près de nous. Nous lui disons gentiment non sans même savoir le prix car de toute façon un taxi sur une si longue distance ne peut qu’être cher. Il nous dit qu’il a déjà une course jusqu’à Urubamba et que cela nous reviendrait seulement quatre soles chacun (1.40CHF environ), soit le prix du bus. Son taxi étant vide, nous sommes surpris de ce qu’il nous dit. Le prix aura raison de nous et nous montons dans son taxi. Nous sommes rapidement rejoints par deux autres personnes et nous partons pour 1:30 de route jusqu’à Urubamba. Ça tombe bien, nous avions beaucoup apprécié cette route en rentrant de Ollantaytambo et ce sera l’occasion de profiter une nouvelle fois du paysage.

Après quelques virages, nous comprenons quelle était la course que le conducteur devait faire. Nous entendons un « bêêêh » sortir de nulle part. On se convainc de n’avoir rien entendu, mais le bêlement recommence suivi de quelques « boum » dans mon dos. Il y a donc une chèvre dans le coffre. Fort heureusement, le conducteur conduit bien, calmement et de manière douce.


Nous descendons tous (sauf la chèvre) à Urubamba. Le conducteur et l’autre client de la voiture nous indique gentiment où il faut prendre la connexion pour Pisaq. On les remercie et on s’en va prendre notre petit déjeuner sur la place du village ! Une journée commence bien une fois l’estomac plein, c’est bien connu! On s’installe sur un petit banc et on discute de tout est de rien. Le temps avance quand même relativement vite et nous voilà un peu bousculés pour prendre le bus. On se fait à nouveau klaxonné, on monte dans le van et c’est parti pour une heure de route, ou peut-être un peu plus… En effet, un conducteur venant en sens inverse informe notre conducteur qu’un autre van allant à Pisaq se trouve juste devant nous. Cela signifie donc qu’il aura de la peine à remplir son van en chemin et tant qu’on est pas plein, on ne part pas. On trouve quand même quelques personnes et le conducteur finit par mettre les gaz jusqu’à Pisaq.


Pisaq se situe à 2972m d’altitude. Le village est connu pour ses marchés ayant lieu les dimanches, mardis et jeudis. Nous, nous ne venons pas pour son marché mais pour son site archéologique inca. Oui, encore des ruines ! On rencontre deux Israéliens dans la rue qui cherche désespérément d’autres touristes pour partager les frais du taxi. Le site a été construit sur les hauteurs du village accessible uniquement par taxi car aucun bus n’y monte. Bien entendu, les chauffeurs de taxi savent y faire et le prix est astronomique. Nous profitons donc de ce couple pour partager les frais.

Une fois arrivés à l’entrée du site, une pluie diluvienne s’abat sur nous. Le taxi s’arrête et on attend patiemment que la pluie se calme. Une accalmie nous permet de payer le taxi et de sortir visiter. On croise un nombre de touriste affolant, tous vêtus de ponchos colorés contre la pluie.

On finit par quitter les deux Israéliens et on part visiter le site. On traverse tout d’abord une rangée de cultures en terrasses pour rejoindre la cité de l’autre côté. Une première fontaine nous accueille, vestige d’un temple. On grimpe entre les maisons et les murs. Encore des escaliers pour nous mener au sommet de l’ancienne cité. La vue sur la vallée est belle et on comprend la stratégie de l’emplacement, juste dans le coude de la vallée, dans les hauteurs. On redescend par un autre chemin en admirant les constructions et les astuces trouvées pour fermer les portes ou déposer les torches qui leur apportaient de la lumière. Une fois la visite terminée, on se sent un peu déçu. C’était petit et pas si incroyable que ce qu’on avait lu sur internet.


On jette alors un oeil à maps.me et on trouve un chemin contournant tout ce qu’on vient de visiter. On traverse un tunnel, on passe une passerelle et nous voilà de l’autre côté avec toute une autre vue sur la région, sur des champs de cultures et sur d’autres constructions incas. Ni une ni deux, on descend les voir. Xavier abandonne en route, il a trop faim et il est trop fatigué pour devoir tout remonter ensuite. Je lui laisse mon sac et je descends seule voir ces constructions.


Il n’y a personne à l’horizon, juste moi et des vestiges incas. J’imagine que les touristes ne viennent pas ici par milliers car je ne vois quasi aucun signe de dégradation des pierres liée à l’homme. De plus les constructions sont d’une qualité nettement supérieure à celle que nous avions vu en début de visite. L’emboitement des pierres est simplement incroyable, impossible de glisser une feuille de papier entre deux cailloux ! Je devine qu’il s’agit de l’ancien temple de la cité, car souvent, c’est sur ces monuments que les Incas apportait le plus de soin lors de la construction. Au milieu d’une petite place, un grand rocher forme un autel. Quelques marches taillées dans la pierre en donnent l’accès. C’est incroyable de voir comme les constructions utilisent le terrain et partent bien souvent de pierre brutes avant de s’élever en pierre taillées. C’est féérique et je suis seule. Encore une fois, les gens ne savent pas ce qu’ils ratent par leur manque de curiosité.



D’un coup, Xavier apparaît dans mon champ de vision. Il me dit que maps.me lui indique un chemin qui descend directement jusqu’au village de Pisaq.

On aperçoit un vigile au loin et je décide d’aller lui demander confirmation, histoire de pas descendre plus bas et devoir remonter 500m après coup. Mais en effet, il confirme que le chemin descend jusqu’en bas et zigzague en dessous de nous. Merveilleuse nouvelle. Nous venons d’économiser vingt-cinq soles de taxi en pouvant redescendre à pied, et en plus, au milieux de ruines incas. On suit ce chemin et nous voilà entrain de descendre pendant une heure, seuls au monde. Nous croisons plusieurs avant-postes et différentes petites maisons qui devaient servir à surveiller la vallée. La vue est de plus en plus belle et la descente vertigineuse. On en a le souffle coupé et on remercie le GPS de nous avoir fait passé par ici. Puis, par une succession d’escaliers, nous nous retrouvons au milieux de terrasses servant anciennement aux cultures. Quelques escaliers, deux-trois photos et un petit pont plus tard, nous apercevons les premières maisons du village de Pisaq. On se demande quand même pourquoi personne ne passe par ce chemin et on finit par croire que l’économie est plus importante que tout le reste. Les conducteurs de taxi gagnent plus d’argent en affirmant qu’il n’y a pas d’autre moyen que la route normale pour accéder au site plutôt qu’en disant qu’il est possible d’emprunter un chemin à pied.



On retombe dans le flot de touristes et traversons le marché « artisanal » sans nous attarder. (Les articles vendus sont les même que ceux trouvés au Nord du Chili ou en Bolivie, alors on commence un peu à douter du terme «

artisanal » dans ces grands lieux touristiques !)


La journée n’est pas finie, nous avons encore plusieurs sites de ruines à visiter et pour cela il nous faut prendre un van pour revenir en direction de Cusco. Avant de chercher un bus, on s’arrête dans un petit restaurant leur prendre différents empanadas, notre estomac s’étant remis à réclamer. Ce sera certainement les meilleures que l’on aura mangées jusqu’à aujourd’hui.

On monte dans le bus et encore une fois, on se laisse bercer en regardant le paysage.


En dessus de Cusco, il y a plusieurs sites anciens à visiter. L’avantage étant qu’ils ne sont pas loin les uns des autres et qu’il est possible de faire la descente à pied jusqu’à Cusco. Une fois que l’on s’approche de Tambomachay, on lance un « Parada por favor ! » et le mini-bus s’arrête pour nous laisser descendre. Tambomachay signifie « Lieu de repos » et se trouve être la maison secondaire d'un célèbre inca de l'époque. On suit un joli chemin pavé sur quelques centaines de mètres le long d’une rivière avant d’arriver sur le site archéologique. On y trouve une belle fontaine taillée dans le roche encore fonctionnelle, ainsi que le reste d’un mur sortant de la colline. Encore une fois on admire le travail, la précision et la complexité de ces constructions.


On a souvent envie de tout voir quand on est dans une nouvelle région, c’est pour cela qu’on souhaitait venir à ce site. Mais une fois qu’on a visité le Machu Picchu, Ollantaytambo et Pisaq, eh bien Tambomachay peut paraitre bien petit. Alors on profite de monter dans la forêt et de descendre par le petit village en dessus. D’ailleurs, ceux qui voudraient entrer sans payer pourrait imaginer passer par là… !


Le prochain site vers lequel on se dirige est à quelques mètres à pied, il s’appelle Puca Pucara. Il s’agissait de constructions militaires qui faisaient partie du système de défense de la capitale inca, Cusco. En approchant, nous découvrons cette petite forteresse avec ses grands murs et ses différentes terrasses. Nous commençons l’exploration de ce lieu que l’on imagine facilement rempli de soldats incas. Nous grimpons les différents escaliers et admirons la vue sur la vallée avoisinante. Un chien joue à cache-cache avec nous au détour de plusieurs étages. Le site est plus grand que Tambomachay et plus intéressant à visiter à notre avis. On remarque ici aussi les traces de la restauration effectuée et on imagine le travail titanesque des archéologues. Au sommet de la forteresse, nous rencontrons un groupe de jeunes Péruviens venus ici certainement en course d’école. Ils nous observent et nous sourient comme s’ils étaient intrigués par nous. Un peu plus loin, une des responsables me fait signe et je m’approche pour lui prendre son appareil photo. Je lui dis d’aller se mettre avec les deux enfants, mais elle me fait des gestes pour me dire d’aller sur la photo. J’accepte volontiers bien qu’un peu surprise. Une fois cette photo prise, chaque enfant a voulu prendre une photo individuellement une fois avec Xavier et une fois avec moi, puis avec tous les deux. Nous avons passé un super chouette moment pendant un bon quart d’heure. Tout sourire, ils nous font des gestes pour nous dire au revoir et ils repartent vers leur bus.


Nous finissons le tour des ruines puis nous empruntons la route principale pour nous rendre au prochain lieu à 5 km de là. Les chiens des maisons bordant la route nous agressent et on se fait presque mordre les mollets. Pour s’en débarrasser, on leur donne des coups de pieds sans scrupule. On sort de la route et on coupe à travers la prairie. Un air de notre beau Jura flotte dans le coin. On prend plaisir à descendre là au milieu. On croise des hommes à cheval, des vaches qui broutent, des moutons, … Et nous arrivons finalement à Q’enqo notre destination. Nous sommes accueillis par une lumière de fin de journée rendant le coin vraiment très joli. Bien entendu, la visite de ce site ne vaut vraiment pas la peine si votre temps à Cusco est limité et que vous avez déjà fait les trois plus grands (Machu Picchu, Ollantaytambo et Pisaq). Pourtant, on aime bien ce petit coin non loin de la ville, calme et reposant, si on fait abstraction de la vague de touristes qui vient d’arriver. Q’enqo est un site dont l’aspect des pierres est très brut. Ici, les Incas ont travaillé sur de grosses roches déjà présentes dans le terrain. On la trouve sculptée sur le dessus, taillée sur les côtés et creusée en dessous. Des marches, des autels et des rigoles sont visibles un peu partout. Visiblement l’ensemble du site devait être un centre cérémoniel utilisé pour les sacrifices rituels.


Le soleil est presque couché et nous voulons encore pousser jusqu’à la forteresse inca Saqsayhuaman (lire et prononcer : « Sexy Women »), un grand site qu’il est beau de voir au coucher du soleil. Surplombant la ville de Cusco, il a été construit dans un but défensif et est construit en forme de tête de Puma, qui est un animal sacré dans le monde inca. Nous y arrivons alors que le soleil est déjà en bas mais cela ne nous empêche pas de profiter pleinement de l’endroit. Il est grand et magnifique. Majestueux même.

On traverse un tunnel à la lumière de notre téléphone pour arriver sur une immense arène, comme une ancienne place. On en fait le tour et arrivons devant un toboggan de pierres. Xavier retombe en enfance et décide d’aller se faire labourer les fesses le temps d’une descente. Nous voyons devant nous la suite de la forteresse construite en dent de scie. Derrière, la ville de Cusco nous accueille. La vue est belle et les murs haut de plus de trois mètres nous impressionnent. Les rochers utilisés pour la construction devaient peser des tonnes.



Nous n’aurons pas le temps de voir tout le site car l’heure de fermeture approche et on entend des coups de sifflets nous invitant à quitter les lieux. On profite de faire encore quelques photos, puis nous rejoignons la sortie.

Nous descendons un long escalier qui nous amène jusqu’à San Blas, le quartier ancien de Cusco. Puisque nous sommes dans le bon coin et que nous avons faim (oui, il est maintenant presque 19:00, pour ceux qui se diraient qu’on mange tout le temps!), nous nous dirigeons vers la crêperie française qui était fermée lundi dernier. On découvre un restaurant décoré avec goût, rempli de charme, agréable et où il fait bon passer du temps. On s’installe, une Française vient nous accueillir et nous donner les cartes. Xavier prend directement une bière artisanale et moi un « Refresco del dia ». On a du mal à choisir nos crêpes tellement il y a de choix. On finit par se décider et nous ne regretterons pas notre décision : elles sont délicieuses. On se régale, on prend du bon temps, on réalise qu’il n’y a presque que des Français dans cette crêperie et ça nous fait rire. On paie l’addition et on rentre à l’auberge retrouver notre pote de l’accueil qui nous attend encore une fois avec impatience.


Un repos mérité :


Cela fait à présent presque quinze jours que nous sommes à Cusco et nous ne sommes pas encore prêts à repartir. Cette région offre tellement de possibilités entre culture, treks, rencontres. Nous avions lu dans un bouquin que le plus beau trek du Pérou se trouvait près de Cusco : le trek de l’Ausangate. Ce trek se fait sur quatre ou cinq jours et fait le tour du massif de l’Ausangate passant des cols jusqu’à 5200m d’altitude. Vous nous voyez venir ? Si vous vous dites qu’on a très envie de faire ce trek, vous avez absolument raison. Mais comme on ne fait pas les choses à moitié et que les agences demandent des prix affolant dans le coin, on se lance le défi de le faire en autonomie complète : pas de mules, pas de guides. Et puis, comme nous ne sommes pas très loin de la réputée Montagne Colorée, nous prendrons deux jours de plus pour passer quelques cols et arriver à cette montagne arc-en-ciel. Mais tout cela, n’est que paroles pour le moment et il faut nous préparer. Nous prenons alors deux jours de repos afin de mettre tout cela au point.


Pendant que Xavier range quelques affaires et lit des articles sur ce trek, je pars au Mercado San Pedro faire les courses pour le dîner. Un bon poulet au curry nous manque, alors même s’il ne sera pas aussi bon que celui de Françoise avant notre départ en août dernier, nous décidons de nous en faire un. Je connais maintenant les rues à prendre par coeur, j’arrive au marché, me promène, regarde la taille des légumes, cherche le curry, puis soudainement je reconnais de dos, encore une fois, Maxime et Charline en train de regarder un stand de souvenirs. Ils ont eu le temps de visiter Arequipa et un bout de la côte avant d’arriver à Cusco. Il faut croire qu’on se traine à côté d’eux ! On est trop content de se voir là par surprise et après avoir échangé quelques mots, nous nous donnons rendez-vous ce soir pour aller boire un verre. Je termine mon tour du marché par le stand boucherie où la dame me découpe des filets de poulet, puis je retourne à l’auberge pour faire deviner à Xavier sur qui je suis tombée au marché.

Xavier se propose de faire le dîner pendant que je trie quelques photos de la Bolivie. Donc comme prévu, au menu, poulet-curry, histoire de se sentir un peu à la maison !


Notre journée sera calme et reposante mais elle passera à une vitesse folle. Il est déjà 18:30 et nous partons retrouver Maxime et Charline sur la place d’Armes. On leur propose de leur faire découvrir la Bohème (la crêperie du soir d’avant !) pour boire un verre. Charline est enchantée par le cadre de ce petit restaurant. On se raconte à nouveau toutes nos aventures depuis la dernière fois et on leur donne tous nos conseils pour visiter la région. On finit même par manger des crêpes. On se quitte sur la place d’Armes quelques heures plus tard, il est temps de rentrer se coucher.


Le lendemain sera consacré à la préparation de six jours de trek. On fait minutieusement la liste des repas en essayant de gagner le maximum de poids possible, on va faire les commissions, puis on prépare nos sacs. C’est sûr que nos sacs n’auront jamais été aussi lourds. Xavier doit avoir un peu plus de 20 kg sur le dos et moi un peu plus de 16 kg… six jours de nourriture, cela pèse son poids ! On espère que le paysage en vaudra la peine! Mais ça, on vous le dira dans le prochain article ! Patience…





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